Les maladies nerveuses d'origine toxique chez les petits ruminants

INTOXICATIONS PAR DES TOXIQUES MINERAUX OU ORGANIQUES

 

OrganochlorésOrganophosphorés et carbamatesToxiques convulsivantsPlomb - Sel

Les petits ruminants peuvent ingérer de manière accidentelle ou malveillante à des produits d'usage agricole toxiques. Il peut s'agir de la consommation de grain ou de fourrage contaminé ou du produit en nature. Les intoxications par le sel ou le plomb sont plutôt le fait de négligences, les animaux ayant accès à du sel de déneigement ou à de vieilles peintures au plomb écaillées.

ORGANOCHLORES

•  Utilisation : acaricide et insecticide (modificateurs de la perméabilité des canaux à K+)

•  Propriétés physico-chimiques : grande stabilité, forte liposolubilité

•  Circonstances d'intoxication : ingestion de graines de semence traitées par le lindane.

•  Symptômes : clignements des paupières, agitation des oreilles, troubles de l'équilibre, positions anormales, crises de fureur. A dose élevée, décubitus permanent, crises convulsives avec pédalage, procidence de la 3 ème paupière et salivation modérée. La mort survient en 3 à 12 heures.

•  Diagnostic différentiel : organophosphorés, tétanos, listériose, tétanie d'herbage, intoxication par la Ciste ou le Redoul

•  Traitement : anticonvulsivants. Pas d'antidote spécifique.

•  Diagnostic post-mortem : dosage des résidus d'organochlorés dans le système nerveux central sur prélèvement congelé à -20°C.

ORGANOPHOSPHORES ET CARBAMATES

•  Utilisation : insecticides puissants (inhibiteurs des cholinestérases), molluscicide, traitement des céréales en stockage.

•  Propriétés physico-chimiques : solubles dans les solvants organiques et les lipides

•  Circonstances d'intoxication : ingestion de céréales ou de végétaux traités. Certains composés sont presque aussi toxiques par voie percutanée que par voie orale. Le risque toxique par inhalation n'est pas négligeable.

•  Symptômes : augmentation générale des sécrétions, contraction des muscles lisses : miction, difficultés cardiorespiratoires… Tremblements, fasciculations musculaires, myoclonies , convulsions puis phase dépressive.

•  Diagnostic différentiel : hypocalcémie, louping ill, toxémie de gestation, organochlorés, intoxication par la Grande cigüe ou le Redoul.

•  Traitement : atropine et glycopyrrolate associés à un traitement symptomatique à base de charbon activé, de Diazepam, une perfusion de diurétiques et des analeptiques cardiorespiratoires.

•  Diagnostic post-mortem : lésions peu spécifiques (traces de salivation et de diarrhée, congestion généralisée, œdème pulmonaire), mesure de l'activité anticholinestérasique du sang ou de l'encéphale. Analyse du foie, des reins, de l'urine ou du contenu stomacal.

TOXIQUES CONVULSIVANTS

•  Utilisation : taupicide à usage restreint pour la strychnine, molluscicide pour le métaldéhyde et rodenticide des habitations pour la crimidine.

•  Propriétés physico-chimiques : résorption orale très rapide

•  Circonstances d'intoxication : les intoxications concernent très souvent les carnivores, cependant les ruminants peuvent consommer accidentellement des appâts ou des graines traités.

•  Symptômes : crises convulsives violentes, toniques ou cloniques selon le composé.

•  Diagnostic différentiel : entérotoxémie, intoxication par la Ciste, le Redoul ou les organophosphorés.

•  Traitement : Diazepam

•  Diagnostic post-mortem : lésions peu caractéristiques (rigidité cadavérique intense et congestion généralisée). Analyse de l'urine, du contenu stomacal, du foie ou des reins.

PLOMB

•  Utilisation : vieilles peintures antirouille, batteries d'automobile, mastic de vitrier, industrie…

•  Circonstances d'intoxication : ingestion accidentelle mais chronique d'un produit à base de plomb. Les ovins et caprins sont plus résistants que les bovins au saturnisme.

•  Symptômes : cécité par amaurose , troubles du comportement, tremblements, grincements de dents, troubles digestifs.

•  Diagnostic différentiel : Visna maedi, tremblante

•  Traitement : calcitétrate disodique, un chélateur du plomb. Du fait de son coût élevé, ce traitement est rarement mis en œuvre. On peut donner de la dexaméthasone pour lutter contre l'œdème cérébral.

•  Diagnostic post-mortem : lésions peu caractéristiques, dosage du plomb dans le foie, l'os ou les reins. Sur animal vivant, on peut doser la plombémie.

SEL

•  Utilisation : déneigement, complément de l'alimentation

•  Circonstances d'intoxication : excès de sel avec un abreuvement normal ou apport normal de sel avec un abreuvement limité ou absent. L'excès de sel irrite la muqueuse intestinale et provoque une diarrhée. Il s'ensuit une déshydratation et une hypernatrémie, à l'origine d'un œdème cérébral.

•  Symptômes : cécité , ataxie , dépression, excitation, opisthotonos , tournis, parésie . La mort survient en 24 à 48 heures.

•  Diagnostic différentiel : nécrose du cortex cérébral, swayback, coenurose cérébrospinale, toxémie de gestation, saturnisme.

•  Traitement : diète, en apportant l'eau fréquemment et en petite quantité. En cas de déshydratation, on peut envisager un réhydratation parentérale en prenant garde de ne pas aggraver l'œdème cérébral. Un traitement adjuvant à base de diurétiques et d'anti-inflammatoires peut être envisagé.

•  Diagnostic post-mortem : inflammation aiguë de la caillette, du feuillet et de la partie antérieure de l'intestin grêle, œdème et hydropéricarde. Dosage du sodium dans le liquide céphalo-rachidien.

Bibliographie