BRUCELLOSE
Epidémiologie – Symptômes
– Lésions – Diagnostic
-
Conduite à tenir – Prophylaxie – Risques
pour l'Homme - Bibliographie
Epidémiologie
ETIOLOGIE :
- L’agent principal est Brucella melitensis,
les biovar 1, 2 et 3 sont représentés, le biovar 3 étant
le plus fréquent en France. On observe néanmoins quelques cas
à B. abortus.
- coccobacille gram -
TRANSMISSION :
- directe ou indirecte
- oronasale ou respiratoire, verticale possible (colostrum)
- excrétion dans les produits d'avortement, le lait,
le sperme, les sécrétions vaginales.
- Le mâle peut jouer un rôle important dans la persistance
et la diffusion de la maladie.
- L’infection s'étend dans les troupeaux à
deux périodes préférentielles : l'époque de la
lutte (rôle des béliers et boucs) et la période des mises
bas.
ESPECES AFFECTEES :
- Ovins, caprins, bovins, canins
REPARTITION GEOGRAPHIQUE
:
- Elle se calque sur la répartition
des élevages ovins. L'Australie, la Nouvelle Zélande ou la République
Sud-africaine sont indemnes. Au sein de l’UE, la maladie sévit
à l'état enzootique en Grèce, en Italie, au Portugal,
en Espagne et en France (pourtour méditerranéen notamment).
- Le biovar 1 prédomine dans le nord, le biovar 3 dans
le sud, le biovar 2 ne se retrouve pas en France.
- 17 départements sont indemnes
INCUBATION :
Symptômes
- Une proportion importante des brebis aurait tendance à
l'autostérilisation dans un délai de 6 mois à 1 an, en
période de repos sexuel.
- L’atteinte génitale est la forme la plus courante
:
- femelle:
- Les avortements dans les deux derniers mois de gestation touchent 50
à 90% des brebis la 1° année et environ 10% la seconde.
L'avortement ne survient habituellement qu'une fois, cependant à
chaque gestation, la bactérie envahit l’utérus et se
trouve excrétée dans les fluides foeto-maternels.

- La chèvre reste porteuse toute sa vie, des avortements à
répétition peuvent être notés dans le troisième
tiers de gestation.
- Ces avortements peuvent être suivis de métrite
ou de rétention
placentaire
.
- Lorsque la gestation est menée à terme, cette dernière
aboutit à la naissance de jeunes faibles ou mort-nés.
- stérilité temporaire.
- Chez la chèvre une forme persistante mammaire est courante avec
présence de bactéries dans la mamelle et le nœud lymphatique
supramammaire, bactéries excrétées dans le lait à
chaque lactation.
- mâle
- La bactérie se retrouve dans les testicules, les épididymes,
les glandes accessoires : orchite
ou orchi-épididymite
chez le bouc et le bélier, élargissement du scrotum, du testicule
et de l’épididyme.
- Parfois baisse de fertilité
- D’autres localisations : mammites et arthrites peuvent
aussi apparaître.
- brucellose chronique
- les femelles infectées n’avortent qu’une seule fois,
cependant les brucelles envahissent à chaque gestation les annexes
fœtales
- porteurs latents
- infection persistante dans la mamelle et les noeuds lymphatiques supra
mammaires
- chute de la production laitière
- orchite,
épididymite
- kératite, conjonctivite, bronchite, arthrite
- La brucellose latente est caractérisée, en l'absence de
symptômes, par une EAT positive confirmée par une FC donnant
un titre = 20 UCEES/mL
Lésions
- Les individus atteints développent des lésions
granulomateuses dans le tissu lymphoïde, les organes génitaux,
la mamelle et les membranes synoviales
- La nécrose peut toucher les organes cibles de l’infection
:
- mammite aiguë
- Les avortons présentent pour certains des anomalies:
- splénomégalie, hépatomégalie
- hémothorax, hémopéritoine
- nécrose ou oedème cotylédonaires : ils
deviennent épais et grisâtres

Diagnostic
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL :
PRELEVEMENTS DES ECHANTILLONS
:
- Plusieurs cotylédons, si possible nécrosés
ou hyperémiés, prélevés aussitôt après
la mise bas ou l'avortement.
- Foetus ou d'organes d'animaux mort-nés après
accord du laboratoire de référence.
- Prélèvement de sérum sanguin tenu au
frais
- Organes présentant des lésions, prélevés
de manière stérile sur des animaux suspects (testicules, épididyme,
rate ou ganglions lymphatiques régionaux)
- Lait
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
Direct
- Ecouvillon vaginal, calotte placentaire, ou d’avorton

- La coloration de Stamp des prélèvements permet
l’identification par examen microscopique. Des faux positifs par réaction
croisée avec Brucella ovis, Chlamydophila psittaci
ou Coxiella burnetii peuvent avoir lieu.
- La culture en milieux sélectifs aboutit à l’identification
de genre et d’espèce et éventuellement la caractérisation
du biovar.
Sérologie
- Tests effectués sur sérum
- L’épreuve à l’antigène tamponné
(EAT
ou test au rose Bengale) ou la fixation du complément
:
- Recherche des anticorps anti Brucella
- Les antigènes révélateurs utilisés sont des
antigènes de B. abortus.
- Inconvénient principal : pas de distinction possible entre animal
infecté et animal vacciné (Rev-1).
- On utilise préférentiellement l’épreuve à
l’antigène tamponné dans les zones infectées et
l’association épreuve à l’antigène tamponné
et fixation du complément dans les zones indemnes (à cause
du pourcentage des faux positifs).
- L’EAT semble plus précoce dans le diagnostic de la maladie.
- ELISA :
- L’antigène utilisé est le LPS de B. abortus
ou de B. melitensis (sensibilité équivalente des tests).
- L’identification de la protéine CP28 (protéine cytoplasmique)
permettrait de distinguer un animal vacciné (rev-1) et un animal ayant
contracté naturellement la bactérie.
- Des réactions croisées peuvent apparaître
entre B. melitensis et B. ovis mais aussi Yersinia enterocolitica
O:9.
Test brucellique :
- Injection sous cutanée au niveau de la paupière
inférieure
- Injection de 50µg d’allergène soit 0,1mL
de la suspension contenant l’allergène.
- Lecture minimum 72h après inoculation
- Réactions croisées avec Yersinia enterocolitica
O:9 possibles
Législation française
- Le test de référence en laboratoire est l’association
EAT et FC.
- Un autre test est disponible en France : le Brucellergene
OCB ®, la lecture s’effectue 48h après injection intradermique
(au niveau de la paupière inférieure) de 0,1mL de la suspension
contenant l’allergène.
Conduite
à tenir
- Aucun traitement n’est disponible.
- Détecter et éliminer les animaux positifs
Prophylaxie
SANITAIRE :
- La brucellose est réputée contagieuse sous toutes
ses formes (cliniques ou latentes) dans les espèces ovine et caprine.
- Le dépistage sérologique se pratique seulement
à partir de prélèvements sanguins réalisés
individuellement sur les ovins et caprins de 6 mois et plus. La période
la plus favorable au dépistage sérologique se situe après
l'agnelage, au moment où on obtient une élévation des
titres en anticorps. Un prélèvement de sang permet d’effectuer
une EAT associée en cas de réaction positive à une FC
(épreuves réalisées par le Laboratoire Vétérinaire
Départemental)
- Assainissement des troupeaux infectés :
- passe par deux actions complémentaires
- isolement et élimination précoces de tous les ovins reconnus
infectés
- destruction du germe éventuellement présent dans l'environnement
(désinfection des locaux d'élevage, destruction des matières
virulentes...).
- Compte-tenu de la taille importante des troupeaux et des particularités
de l'élevage ovin ou caprin, un résultat définitif ne
peut être espéré que si les conditions suivantes sont
réunies:
- taux d'infection faible au moment du dépistage (c'est-à-dire
infection récente),
- renouvellement fréquent des contrôles (tous les mois par
exemple), avec élimination immédiate des positifs,
- cheptel à l'abri des contaminations exogènes (pas de transhumance,
pas d'échange de béliers, etc.).
- Lorsque ces conditions ne sont pas réunies, notamment lorsque le
taux d'infection est élevé au départ, la seule solution
efficace consiste à envisager l'élimination en bloc du troupeau.
- Protection des troupeaux indemnes :
- contrôle des introductions d'animaux (issus d’élevages
indemnes),
- contrôle de la transhumance (l'idéal étant de l'interdire
aux troupeaux infectés)
- contrôle sérologique et/ou allergique régulier des
cheptels.
- Qualification des cheptels :
- obligatoire pour commercialiser des animaux destinés à l'élevage,
pour obtenir une autorisation de transhumance, pour commercialiser du lait
cru ou des produits au lait cru (dans ce cas, un contrôle annuel de
tous les animaux est obligatoire), pour les boucs et béliers proposés
à la monte publique ou envoyés dans des centres d’insémination
et pour les femelles ovines et caprines donneuses d’embryons.
- Officiellement indemne :
- Tous les animaux identifiés
- Registre d'élevage régulièrement à jour
- Aucun symptôme de brucellose depuis 12 mois au moins;
- Aucun animal vacciné contre la brucellose à moins qu'il
ne s'agisse, dans les cheptels ovins ou mixtes, d'animaux vaccinés
depuis plus de 2 ans dans des conditions réglementaires)
- Tous les animaux âgés de 6 mois et plus ont fait l'objet
de deux épreuves sérologiques par EAT favorables espacés
de 6 à 12 mois.
- Tous les ovins et caprins introduits dans le cheptel sont identifiés
et proviennent directement d'un cheptel officiellement indemne (ou éventuellement
d'un cheptel ovin ou mixte indemne, à condition de n'avoir jamais
été vaccinés contre la brucellose, d'être isolés
et soumis dans un délai de 30 jours à un contrôle sérologique
favorable par EAT associé à une FC)
- Contrôle annuel (ou pluriannuel) favorable (EAT) de tous (ou une
partie) les ovins et de tous les caprins âgés de plus de 6
mois. Dans les cheptels ovins ou mixtes, les contrôles peuvent cependant
porter seulement sur une fraction du cheptel ovin. Dans les cheptels mixtes,
tous les caprins doivent être contrôlés annuellement.
- statut de cheptel ovin ou mixte " indemne de brucellose" (les
troupeaux caprins ne pouvant pas être vaccinés ne peuvent pas
appartenir à cette catégorie)
- A la différence de la situation précédente, les
ovins (et caprins dans les cheptels mixtes) nés (ou introduits avant
l'âge de 6 mois non vaccinés) dans l’exploitation ont
été vaccinés.
- contrôles sérologiques par EAT réalisés comme
précédemment, mais sur les ovins âgés de 18
mois au moins (et caprins de 12 mois et plus) lorsqu'ils sont vaccinés.
- animaux introduits doivent provenir directement d'un cheptel officiellement
indemne ou indemne (pas de contrôle sérologique à l’introduction).
- Dans les départements où est mise en oeuvre
une politique exclusivement sanitaire, le rythme des contrôles peut être
allégé si le taux d’incidence annuel
- < 0,5 % depuis 2 ans : 30 % des cheptels sont contrôlés
annuellement;
- < 0,2 % au terme d’une période de contrôle triennal
(pendant laquelle 30 % des cheptels étaient contrôlés
annuellement) : 20 % des cheptels sont contrôlés annuellement;
- < 0,02 % au terme d’une période de contrôle quinquennal
(pendant laquelle 20 % des cheptels étaient contrôlés
annuellement) : 20 % des cheptels sont contrôlés annuellement.
- Le contrôle reste cependant annuel dans les élevages producteurs
de lait cru et les cheptels assainis depuis moins de 5 ans.
- Dans les troupeaux ovins, le contrôle sérologique
peut n'être réalisé que sur une partie du cheptel :
- tous les mâles non castrés ;
- tous les nouveaux entrants
- 25% des femelles ayant mis bas avec un minimum de 25 individus
- Opérations d’assainissement
- La confirmation d’une suspicion clinique ou des sérologies
positives entraîne la mise en place d'un Arrêté Préfectoral
portant déclaration d'infection.
- Mesures d'assainissement :
- isolement et séquestration des animaux brucelliques
- Contrôle sérologique de tous les ovins et caprins.
- Contrôle sérologique des autres espèces sensibles
de l'exploitation, bovins et chiens.
- Marquage des ovins, caprins (et bovins) positifs (apposition de la marque
O de 20 mm de diamètre à l'emporte-pièce à
l'oreille gauche). Si le cheptel a été considéré
comme trop infecté, les prescriptions ci-dessus mentionnées
s'appliquent à la totalité des animaux.
- Elimination des animaux marqués dans les 30 jours. Chaque ovin
ou caprin éliminé doit être accompagné d'un
"Laissez-passer - Titre d'élimination" transmis par le
DDSV sur lequel le VS a mentionné le prix d'estimation. Ce laissez-passer
permettra le calcul de l'indemnité d'abattage attribuée à
l'éleveur.
- Destruction des enveloppes placentaire, dépôt des fumiers,
litières et pailles (dans des conditions propres à détruire
les Brucella) à l'écart des animaux, désinfection
des locaux.
- Contrôles d'assainissement et de requalification
- Après élimination des animaux marqués et désinfection
des lieux contaminés, des contrôles sérologiques (contrôles
d’assainissement) par EAT et FC sont réalisés à
intervalles 6 semaines au moins à 2 mois au plus. Les ovins et caprins
nouvellement recensés infectés sont marqués et éliminés
comme précédemment.
- Après un contrôle entièrement négatif, l’APPDI
est remplacé par un APMS
- Après 2 contrôles négatifs à 4-6mois d’intervalle
effectués après 6 semaines à 2 mois après le
contrôle négatif d’assainissement, la requalification
du cheptel et la levée de l'APMS sont prononcées.
MEDICALE :
- La vaccination est interdite en France sauf dérogation
dans certains départements
- Il existe différents vaccins, le principal utilisé
étant le vaccin à souche vivante atténuée de B.
melitensis Rev-1.
- Ce vaccin permet un haut degré de protection contre la maladie
et limite la durée d’excrétion de bactéries chez
les animaux infectés.
- La vaccination peut se faire par voie sous-cutanée ou par voie
conjonctivale
- Une virulence résiduelle persiste dans ces souches et peut parfois
entraîner des avortements lorsque la vaccination est effectuée
avant le dernier mois de gestation.
- Pour limiter l’excrétion de bactéries et les avortements,
la vaccination par voie conjonctivale pendant le dernier mois de gestation
ou après est recommandée.
- La voie conjonctivale permet aussi de limiter les réactions positives
aux tests sérologiques. Il y a donc une meilleure discrimination entre
les animaux infectés et les animaux vaccinés.
- Une seule administration (sans rappel) par voie SC ou conjonctivale à
des jeunes femelles âgées de 3 à 6 mois assure leur protection
(relative) durant plusieurs années. La réponse sérologique
des jeunes femelles est limitée et n’empêche pas le dépistage
sérologique de l’infection des adultes (pratiqué à
partir de 12 mois chez les caprins et 18 mois chez les ovins)
Risques
pour l'Homme
- B. melitensis est très pathogène pour
l’Homme. Les cas cliniques les plus graves en France sont majoritairement
occasionnés par cette espèce.
- Les risques de contamination apparaissent
- lors de manipulation des vaccins
- par contact direct avec les animaux infectés
- aussi par l'intermédiaire du lait et des fromages frais non fermentés,
surtout lorsqu'ils proviennent de chèvres infectées
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Répartition géographique de la mélitococcie



avortons


rétention placentaire


Métrite et placentite



Frottis vaginaux et culture de Brucella melitensis

Epreuve de fixation du complément


Epreuve à l'antigène tamponné


Test allergénique palpébral