EPIDIDYMITE DE L’ADULTE
(Épididymite contagieuse du bélier à Brucella
ovis)
Epidémiologie – Symptômes
– Lésions – Diagnostic
-
Conduite à tenir – Prophylaxie – Risques
pour l'Homme - Bibliographie
Epidémiologie
DEFINITION :
- L’épididymite est une inflammation de l’épididyme,
touchant la plupart du temps la queue de l’épididyme.
ETIOLOGIE :
- Brucella ovis
- Il s’agit de l’épididymite contagieuse du bélier.
- à la différence des maladies impliquant d’autres brucelles,
B. ovis ne possède qu’un biovar.
- Corynebacterium spp
peut
aussi être retrouvée, cependant il s’agit bien souvent d’une
surinfection faisant suite à une épididymite chronique ou guérie
causée par B. ovis. L’intervention de Corynebacterium
spp ne sera donc pas traitée par la suite.
PATHOGENIE - TRANSMISSION :
- Chez le bélier :
- La bactérie se transmet par les muqueuses notamment lorsque le
mâle renifle l’urine d’un animal contaminé (voie
nasale), lors de rapport homosexuels entre deux mâles, lors d’intromission
d’une femelle déjà saillie par un mâle atteint
(voie vénérienne passive).
- Après une phase de multiplication loco-régionale d'une dizaine
de jours, le stade de bactériémie permet la généralisation
de l'infection (localisation splénique, ganglionnaire, rénale...).
- Il y a enfin localisation génitale (vésicules séminales,
ampoules, testicules, queue et plus rarement tête de l'épididyme)
- Chez la brebis :
- Elle s’autostérilise rapidement (en quelques mois suivant
l’infection qui a lieu pendant la lutte).
- B. ovis disparaît assez rapidement du site d'entrée,
provoque une bactériémie prolongée et réapparaît
dans le tractus génital, vers le 3ème mois.
- La multiplication y reste néanmoins faible expliquant la rareté
des avortements.
- Après avortement ou parturition, une brebis infectée peut
excréter B. ovis pendant une dizaine de jours, permettant
éventuellement la transmission si elle entre en chaleur durant cette
période. L'infection se conserve rarement d'une gestation à
l'autre. La transmission peut alors aussi se faire in utero ou plus
précisément lors du part.
- Facteurs favorisants l’apparition de la maladie :
- Pratique de la transhumance avec une lutte en estive
- Mise en pension des béliers
- Utilisation d’un bélier par plusieurs élevages au
cours de sa vie
INDIVIDUS AFFECTES :
- L’épididymite contagieuse du bélier, comme
son nom l’indique, ne semble toucher que les béliers.
- La maladie ne semble toucher que les animaux matures sexuellement,
cependant lors de mise en commun des mâles vierges et des autres, des
cas de d’épididymite contagieuse sont avérés sur
des jeunes de moins de 2ans.
REPARTITION
GEOGRAPHIQUE :
- Agent pathogène ubiquiste
INCIDENCE – PREVALENCE:
- 25-50% de cas cliniques dans les troupeaux atteints de manière
endémique, et jusqu’à 75-100% d’atteinte clinique
et subclinique.
- Une estimation de la prévalence a été
faite dans les Pyrénées orientales en 2005 et a été
placée à 17-19% de béliers positifs.
INCUBATION :
- Après 21 à 45j (jusqu’à 6 à
18 semaines selon certains auteurs) après l’exposition, des lésions
apparaissent au niveau de l’épididyme.
Symptômes
- Chez le bélier :
- La forme la plus courante est subclinique, les épididymites cliniques
ne sont que des cas un peu particuliers. Ce sont ces individus atteints de
la forme subclinique qui permettent alors la propagation de la maladie.
- Une phase d’inflammation aiguë peut apparaître bien
qu’elle soit rarement rencontrée.
- Elle se limite bien souvent à une baisse de la qualité
du sperme et donc une diminution de la fertilité.
- On observe alors un œdème du scrotum et de son contenu,
la douleur occasionnée mène bien souvent l’animal à
boiter.
- Certains béliers présentent une hyperthermie et un abattement
transitoires.
- La phase chronique est plus courante. Elle peut être secondaire
à la précédente ou primitive.
- La palpation de l’épididyme peut laisser apparaître
un très léger épaississement associé à
un testicule normal jusqu’à la sensation d’un épididyme
très dur plus large qu’un testicule et une atrophie testiculaire
associée.
- Les atteintes unilatérales semblent plus courantes d’une
atteinte des deux épididymes. De même la queue de l’épididyme
est plus fréquemment touchée (élargie) que la tête.
- Les animaux conservent une libido normale cependant on note une fréquence
importante des retours en chaleur des brebis mises à la lutte avec
eux. L'apparition des lésions est précédée
d'une dégénérescence séminale et d'une baisse
de la fécondité.
- La douleur peut entraîner des boiteries postérieures.
- Chez la brebis :
Lésions
- Chez le bélier :
- Les animaux infectés ne présentent pas tous des lésions
macroscopiques mais tous ont au moins des lésions microscopiques.
- Les lésions sont principalement marquées dans la phase
chronique.
- Elles apparaissent le plus souvent au niveau de la queue de l’épididyme,
parfois ailleurs, sous forme d’une induration progressive de cette
dernière.
- Les abcès sont assez peu courants et souvent dus à une
contamination secondaire. Par contre il n’est pas rare d’observer
des spermatocèles et des granulomes
spermatiques.
- La tunique vaginale adhère au testicule, à l’épididyme
ou aux deux, des granulomes
peuvent être retrouvés avec des décharges purulentes,
de la fibrose et parfois des foyers de minéralisation à la
surface de l’épididyme. Les cellules épithéliales
des tubes séminifères présentent une dégénérescence
vacuolaire. Une atrophie, par dégénérescence est notée
au niveau des testicules. Cette dernière est souvent due à
une oblitération du corps de l’épididyme. Les vésicules
séminales peuvent être fermes et élargies.
- On relève aussi des infiltrations par les neutrophiles et les
macrophages des vésicules séminales et l’ampoule. La
bactérie est aussi présente dans les glandes bulbourétrales
mais n’occasionne aucune modification de ces dernières.
- La concentration et la motilité des spermatozoïdes sont réduites,
- Des anomalies de la queue (queue tordue, enroulée) et des têtes
détachées sont courantes. Les anomalies de la tête
ne semblent pas en nombre supérieur par rapport aux animaux sains.
- Certains spermatozoïdes sont dépourvus d’acrosome.
Cette perte d’acrosome conduit à une incapacité pour
le spermatozoïde de pénétrer l’ovule. Ainsi malgré
un nombre suffisant de spermatozoïdes, l’animal est infécond.
- Ces modifications peuvent être imputées à la formation
d’immuns complexes suite à l’inflammation occasionnée
par l’infection.
- On trouve aussi de nombreux polynucléaires neutrophiles dans
la semence.
- Lorsque les deux épididymes sont touchés, le sperme peut
ne contenir aucun spermatozoïde.
- Chez la brebis :
- l'infection demeure souvent inapparente.
- Parfois une cervicovaginite transitoire avec possibilité d'endométrite
salpingite empêche la nidation ou provoque une résorption embryonnaire.
- Les avortements
ou la mortinatalité restent faibles.
- Des lésions de placentite peuvent être responsables d'insuffisance
pondérale des agneaux à la naissance.
Diagnostic
- Le caractère très contagieux
de cette maladie doit entraîner un dépistage systématique.
- Le diagnostic clinique d’une épididymite
se fait par palpation du scrotum, cependant seuls 50% des mâles infectés
sont atteints cliniquement.
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
:
DIAGNOSTIC
EXPERIMENTAL
Direct
- Une analyse sur prélèvement de semence par écouvillonnage
du prépuce après éjaculation peut être effectuée.
Cependant une culture négative ne doit pas aboutir à un diagnostic
négatif de B. ovis, car l’agent n’est pas excrété
en permanence dans la semence.
- L’examen bactériologique se fait par l'observation microscopique
après coloration de Stamp du sperme (10% d’erreur par défaut)
ou par une coloration selon la méthode Ziehl Neelsen. D’autres
bactéries ont le même aspect sous coloration de Stamp, il s’agit
de B. melitensis, de Coxiella burnetii, et de Chlamydophila
abortus
- Une hémoculture sur milieu sélectif (de 2 jours à
plusieurs semaines, peu de bons résultats lors de brucellose chronique,
conditions de croissance très voisines pour Bordetella bronchiseptica)
peut être entreprise.
- B. ovis peut être également cultivé
à partir des sécrétions vaginales chez la femelle ou à
partir de lait. Le diagnostic peut être aussi fait en post-mortem sur
l’épididyme, les vésicules séminales et les noeuds
lymphatiques inguinaux chez le mâle ou l’utérus et les nœuds
lymphatiques iliaques et supra mammaires chez la femelle. Les avortons (poumons,
contenu abomasal) et le placenta peuvent aussi être examinés.
- Des essais de diagnostic par PCR ont été envisagés
et ont montré selon certaines études
(Manterola) une sensibilité inférieure à la mise en
culture
Sérologie
- Ce diagnostic ne peut être réalisé par
les épreuves habituellement utilisées dans le diagnostic de la
brucellose et utilisant comme antigène des brucelles en phase lisse
(Examen à l’antigène tamponné (EAT)
,
fixation du complément (FC)
,
etc.)
- La sérologie peut être utilisée après
3 semaines post-infection, et les anticorps restent dans l’organisme
des mois voire des années durant. Cependant certains individus atteints
et excrétant des brucelles peuvent apparaître négatifs
à la sérologie (environ 3,5%) notamment en fin d’évolution.
Il est donc nécessaire d’effectuer un dépistage sur tout
l’élevage pour avoir une vision globale de la circulation de la
bactérie.
- La fixation du complément pratiquée avec un antigène
polysaccharidique soluble extrait de B. ovis est considérée
comme une méthode spécifique et sensible (91, 8% de sensibilité).
Lors de sérologie, des réactions croisées avec Bordetella
lors des tests d’agglutination sont observées, aboutissant à
de faux positifs. Ce diagnostic peut être entrepris dès 2 semaines
cependant selon les individus, la positivité démarre entre
2 et 7 semaines. La sensibilité est moins bonne dans les cas chroniques
lors de tests tardifs. Les sérums donnant une valeur supérieure
ou égale à 50 UICFT/ml (unité internationale pour le
test de fixation du complément) sont considérés comme
positifs.
- D'autres techniques sont utilisables en particulier l’ELISA (qui
serait plus sensible et plus spécifique que la FC) et l’immunodiffusion
sur gel agar (AGID), cependant la fixation du complément reste le
test de référence internationale pour la circulation des animaux.
Chez la femelle, la réaction sérologique est très fugace,
il est donc difficile de la mettre en évidence.
Diagnostic allergique
- Il s’agit d’une intradermo réaction à
la brucelline.
Conduite à tenir
TRAITEMENT
- Le traitement n’est pas recommandé. Dans des
cas particuliers (animal de compagnie, fort potentiel génétique),
un traitement antibiotique à base de tétracyclines combinées
à de la streptomycine peut permettre la guérison des animaux
non atteints cliniquement.
- Aucun traitement ne doit être entrepris sur des animaux
atteints cliniquement.
- Tout animal avéré brucellique doit être
exclu des plans de reproduction, quelque soit son utilisation (l’hémicastration
et la conservation en tant que boute-en-train sont autant de risques de conserver
un foyer au sein de l’élevage). Cet animal doit être éliminé.
EN CAS DE SUSPICION
- L’épididymite contagieuse du bélier (B.
ovis) fait partie des maladies à déclaration obligatoire (MDO).
Les animaux suspects doivent être isolés, testés voire
immédiatement réformé tandis que les autres animaux seront
testés.
- L’utilisation de l’insémination artificielle
est une voie permettant de s’assurer de la non circulation de la maladie
(les béliers des centres étant testés). Pour cela il faut
maintenir sur les retours de chaleurs des béliers séronégatifs.
Prophylaxie
- La clé de voûte de la maladie est le bélier,
la brebis à elle seule ne peut pas maintenir l’infection dans
le troupeau.
SANITAIRE
- Elle repose sur le dépistage, l'assainissement des
troupeaux infectés et la protection des cheptels indemnes.
- Le dépistage passe par la palpation du scrotum en association
avec des dépistages sérologiques par FC.
- Pour assainir un troupeau contaminé, plusieurs dépistages
espacés de 4 à 6 semaines avec élimination des animaux
positifs sont nécessaires. L’isolement des béliers de remplacement
est aussi une étape incontournable. Les résultats sont aléatoires
en zone très infectée ou en région de transhumance.
- Il faut prêter un grand intérêt
à l’introduction d’animaux sains au sein de l’élevage.
- N’acheter que des mâles vierges provenant d’un
élevage « indemne » éventuellement testé
négatif par ELISA
- Respecter une mise en quarantaine avant l’introduction
de tout animal au sein de l’élevage
- Palper tous les mâles au moins un mois avant la mise
à la reproduction et réformer tous ceux ayant une palpation
scrotale anormale
- Eliminer tout animal positif à l’ELISA pour
B. ovis, puis tester tout le troupeau 60j après l’éviction
de cet animal.
- Pour les troupeaux transhumant, la gestion de cette maladie
est un grand souci. En effet, les risques de contamination sont importants
du fait des passages successifs de troupeaux sur les mêmes aires de pâture.
- Les élevages indemnes sont les élevages
qui satisfont aux conditions suivantes :
- ils doivent être placés sous contrôle
vétérinaire officiel ;
- aucune manifestation clinique d'épididymite ovine
ne doit y avoir été constatée depuis un an au moins
;
- tous les ovins doivent être identifiés de façon
permanente.
- Les béliers introduits dans des centres d’insémination
artificielle doivent être indemnes de tout signe clinique d’épididymite
contagieuse depuis plus de 12 mois et doivent faire l’objet, pendant
leur quarantaine puis annuellement, d’un contrôle sérologique
favorable (FC révélant un titre inférieur à 50
unités CEE) complété par une recherche du germe négative
après mise en culture du sperme. (arrêté du 30 mars 1994).
- Les femelles ovines donneuses d’embryons
doivent être indemnes de tout signe clinique d’épididymite
contagieuse depuis plus de 12 mois et avoir été, ou saillie naturellement
par un bélier ayant fait l’objet d’un contrôle sérologique
favorable, ou inséminée avec le sperme d’un bélier
correspondant aux conditions précédemment définies (arrêté
du 31 mars 1994).
MEDICALE :
- La vaccination des béliers est une mesure communément
réalisée dans de nombreux pays infectés, associée
le plus souvent à des mesures sanitaires dans le cadre d'une prophylaxie
médico-sanitaire.
- Des vaccins à base de B. ovis inactivées sont
utilisés en Nouvelle-Zélande et aux U.S.A.. En France le vaccin
REV1 (B. melitensis souche Rev-1) a permis de réduire l’incidence
de l’infection cependant, le problème des interférences
avec le dépistage de la brucellose ovine a contribué à
l’arrêt de son utilisation.
- Le vaccin REV 1 utilisé chez les jeunes béliers
âgés de 3 à 6 mois est efficace, l'immunité est
durable pendant deux ans au moins et le fait de vacciner les jeunes évite
l'excrétion de la souche vaccinale. De plus les anticorps post-vaccinaux,
spécifiques de l'antigène lisse, peuvent être distingués
des anticorps spécifiques de l'antigène rugueux de l'infection
par B. ovis : ils ne gênent donc pas le dépistage sérologique.
La vaccination des adultes est quasi inefficace.
Risque pour l’homme
- Aucun risque avec B. ovis.
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Epididymite à Corynebacterium pseudotuberculosis

Symptômes : Orchi-épididymite brucellique


Lésions : Epididymite à Brucella ovis

Test de fixation du complément

Epreuve à l'antigène tamponné