HYPOCALCEMIE PUERPERALE
Epidémiologie – Symptômes
– Lésions – Diagnostic
-
Conduite à tenir – Prophylaxie – Bibliographie
Epidémiologie
ETIOLOGIE :
- Il s’agit d’une perturbation du métabolisme
calcique, entraînant une baisse de la calcémie.
- L’origine est une soustraction calcique fœtale
non compensée par l’organisme maternel.
INCIDENCE – PREVALENCE
- En général moins de 5% du troupeau
ESPECES AFFECTEES :
- Bovins, ovins, caprins, canins...
FACTEURS FAVORISANTS ET
DECLENCHANTS :
- Les femelles âgées semblent plus sensibles car
leurs réserves osseuses en calcium (et en magnésium) sont plus
difficilement mobilisables.
- Le jeûne, le stress, les transports, les diarrhées
diminuent l’absorption intestinale du calcium de l’aliment et favorisent
donc une carence en calcium.
- Chez une brebis grasse, les hydroxylations hépatiques
et rénales intervenant lors de la synthèse de la forme active
de la vitamine D ne sont font plus.
- Les gestations multiples par l’exportation calcique
qu’elles impliquent sont des facteurs favorisants.
- Un apport calcique important dans l’alimentation diminue
voire annule la capacité de l’organisme à libérer
rapidement du calcium des réserves osseuses lors de demande soudaine.
- L’acide oxalique (dans la ration) par son pouvoir chélateur
du calcium limite l’apport intestinal de calcium.
- Un excès de phosphore dans l’aliment peut aussi
favoriser l’hypocalcémie.
- Un déséquilibre (excès et carence) en
magnésium dans la ration intervient aussi dans l’apparition de
la maladie.
Symptômes
- A la différence des bovins, chez les ovins, la maladie
touche principalement les femelles dans leur dernier mois de gestation. Les
caprins quand à eux semblent touchés à la fois par la
forme antepartum mais aussi par la forme post partum, cependant chez ces derniers
la maladie est très souvent subclinique.
Chez les
ovins :
- Il s’agit d’un syndrome nerveux en « hypo
», d’apparition subite et d’évolution rapide. La paralysie
flasque est la manifestation clinique la plus reconnaissable.
- On peut cependant reconnaître trois stades.
- STADE 1 :
- A ce premier stade, qui peut passer inaperçu et ne durer qu’une
heure, trois signes dominent : excitabilité, hyperesthésie
(fasciculations musculaires) et tétanie sans crises convulsives
de type tétaniforme comme dans l’hypomagnésièmie.
- La brebis est encore debout et semble répugner à se déplacer
du faît d’une raideur des membres.
- Elle semble nerveuse ou appeurée, toute approche ou tout contact
provoque une fuite marquée avec une ataxie se terminant fréquement
par une chute.
- L’animal éprouve de plus en plus de mal à se relever.
- L’examen clinique permet de noter une tachycardie discrète
et une légère hyperthermie liée à l’augmentation
de l’activité musculaire.
- STADE 2 :
- Il est caractérisé par un décubitus sternal, voire
latéral.
- Une baisse de la pression artérielle entraîne une hypothermie
(36 à 37°) et un refroidissement des extrémités.
La fréquence cardiaque augmente (100 battements par minute) pour
pallier l’hypotension.
- Une diminution de l’activité des muscles lisses entraine
une atonie ruminale, associée à une constipation et à
une perte du reflexe anal.
- STADE 3 :
- On observe une météorisation sévère due
au décubitus latéral associé à la stase gastro-intestinale,
avec une perte de conscience et une évolution vers le coma.
- Tous les signes précédents sont exacerbés. La paralysie
flasque est complète. Le pouls devient imperceptible et la fréquence
cardiaque augmente jusqu'à 140 battements par minute. Il présente
une atonie gastro-intestinale avec constipation, tympanisme et météorisation.
Enfin les pupilles sont fréquemment dilatées.
- L’animal tombe dans le coma et meurt si aucun traitement n’est
mis en oeuvre
- L’atonie intestinale et les apports alimentaires typiques
donnés en fin de gestation sont autant de facteurs favorables au développement
d’une entérotoxémie.
- Lors de cas subcliniques, il n’est pas rare de ne noter
qu’un prolapsus
vaginal
- La baisse de calcium sanguin semblerait limiter la production
endogène de glucose, ce qui a pour conséquence de favoriser les
toxémies de gestation d’où l’association fréquente
et la difficulté à différencier ces deux maladies.
Chez les
caprins :
- Lorsque les chèvres sont élevées en système
intensif avec des productions laitières importantes, la forme postpartum
est la plus fréquente, à l’inverse lorsque l’élevage
est extensif, leur cas s’apparente plus à celui des ovins, avec
une forme antepartum.
- Les symptômes sont moindres et plus rares : une chute
de lait est notée, une diminution de l’appétit.
- L’animal est léthargique.
- On peut parfois rencontrer des tétanies, avec des contractions
de la lèvre, des paupières et des oreilles.
Lésions
- Aucune lésion n’est directement occasionnée
par la maladie.
- Des lésions d’entérotoxémie à
l’autopsie en fin de gestation doivent orienter vers la suspicion d’une
hypocalcémie.
Diagnostic
DIAGNOSTIC CLINIQUE
- Il est très difficile d’établir un diagnostic
clinique, et même les examens complémentaires sont assez délicats
à interpréter.
- Le diagnostic thérapeutique est la seule valeur sûre.
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
- Hypomagnésémie
- Listériose
- Entérotoxémie
- Tremblante
- Toxémie
de gestation, à la différence de cette dernière, l’hypocalcémie
n’engendre pas de cétone dans les urines
- Mammite gangreneuse (ovin)
(caprin)
- Pneumonie
- Péritonite.
PRELEVEMENTS POUR ANALYSES
AU LABORATOIRE :
- Une biochimie sanguine permet de mettre en évidence
une calcémie basse : inférieure à 1, 5 mmol/L (norme =
2,5 mmol/L). Il faut cependant différencier calcémie totale et
calcium ionisée (Ca corrigé = Ca mesuré (mg/dl) - albumine
(g/dl) + 3,5)
- Le pH de l'urine est alcalin. On constate souvent une glucosurie
+ à ++ consécutive à une hyperglycémie due à
un défaut de sécrétion d'insuline par baisse du calcium
sérique
- Les valeurs des enzymes hépatiques (ASAT) et musculaires
(CKP) augmentent.
- Lorsque s’ajoute une hypomagnésémie, le
pronostic s’assombrit.
Conduite
à tenir
TRAITEMENT :
- Une injection sous cutanée de calcium permet de traiter
la femelle. Une amélioration est visible dès l’heure suivante.
- Entre 20 et 100 mL de borogluconate de calcium ou de gluconate de calcium
selon le dosage (28 à 37%)
- En sous-cutané en plusieurs points ou en intraveineuse très
lente (au moins 10 min) et surveiller les signes de toxicité cardiaque
(tachycardie, arythmie, bradycardie...).
- Les animaux répondants favorablement à la calcithérapie
présentent des fasciculations musculaires témoignant de la restauration
de la fonction neuromusculaire, une diminution de la fréquence cardiaque,
des éructations, une défécation témoignant de la
reprise de la motricité gastro-intestinale et une reprise de la miction
urinaire.
- Malgré la grande réussite du traitement il est
fréquent de noter des rechutes. L’animal devra donc être
réexaminé 12h après le premier traitement et réévalué.
Trois quart des animaux ayant survécu se sont rétablis après
le premier traitement, 15% environ après le second et les 10% restat
après le troisième, après le second traitement il faut
tout de même penser à revoir le diagnostic différentiel.
LE TROUPEAU
- Les autres animaux sont à surveiller, il ne faut pas
vouloir impérativement distribuer du calcium à tous le monde,
car le risque de déclencher des hypocalcémies est grand.
Prophylaxie
- Dans les zones où la maladie est très répandue,
il est prudent de contrôler le taux en calcium de la pâture et
de pratiquer un chaulage si nécessaire.
- Limiter les apports calciques massifs avant chaque période
à risque, ainsi que limiter les apports de phosphore, la méthode
la plus souvent préconisée est la limitation des apports de calcium
pendant les deux à quatre dernières semaines avant l’agnelage.
- Provoquer une acidose métabolique modérée,
par la distribution d’une ration riche en anions (bilan anion-cation
négatif : BACA = [Na]+ [K]- [Cl]-[S]). Cette acidose permet de faciliter
les échanges calciques au niveau osseux ainsi que l’absorption
de calcium par les intestins, d’où l’importance des rations
pauvres en potassium. Par exemple, chez la brebis, l’apport de 100g de
chlorure d’ammonium associé à 100 g de sulfate d’ammonium
avec une ration de 75 à 150 g de Ca pendant les dernières semaines
précédant l’agnelage s’est révélé
efficace pour prévenir la parésie puerpérale.
- L’administration de la vitamine D3 ou de ses métabolites
a montré qu’ils s’étaient révélés
efficaces pour lutter contre l’hypocalcémie puerpérale.
L’apport de vitamine D3 doit être pratiqué entre une semaine
et 24 heures avant l’agnelage. Il faut éviter les administrations
répétées car l’excès de vitamine D3 peut
se révéler toxique (calcinose enzootique).
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