MAMMITES SUBCLINIQUES DE LA CHEVRE
Epidémiologie – Symptômes
et Lésions – Diagnostic -
Conduite à tenir – Prophylaxie – Bibliographie
Epidémiologie
ETIOLOGIE :
Bactéries :
- Les microcoques sont majoritairement représentés
(plus de 80% selon certaines enquêtes,) suivis par les bacilles gram
négatif et les corynébactéries.
- Les staphylocoques, pathogènes à réservoir
animal :
- les staphylocoques à coagulase positive :
- le principal est Staphylococcus aureus. La sévérité
de l’atteinte dépend de la souche et du biotype en cause mais
également de facteurs de résistance individuels tels que
la conformation de la mamelle ou des trayons.
- Autres tels que S. hyicus ou S. intermedius.
- les staphylocoques à coagulase négative (SCN) qui regroupent
une vingtaine d’espèces : ils provoquent essentiellement des
mammites caractérisées par une élévation du nombre
de cellules somatiques dans le lait, responsables de sévères
augmentations des taux cellulaires de tank. Les fréquences d'isolement
de chaque espèce varient selon les auteurs, globalement S. epidermidis,
S. caprae, S. simulans et S. xylosus sont les plus fréquentes,
les autres sont : S. chromogenes, S. capitis, S. warneri, S. lentus.
- Les autres bactéries :
- Streptocoques :
- peu répandues chez la chèvre
- streptocoques du groupe D pour le réservoir mammaire et S.
faecalis, S. faecium pour le réservoir environnemental. Ces
germes sont généralement à l’origine de mammites
cliniques.
- Les streptocoques alpha-hémolytiques sont des germes de l’oropharynx
- Corynebacterium :
- Germe gram positif de réservoir animal, présent sur la
peau
- Entérobactéries :
- germes Gram négatif (Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae,
Proteus sp.)
- L'infection est due à une hygiène défectueuse
(épisode de métrites) et à des traumatismes de la
mamelle.
- Brucella melitensis : en France on ne rencontre que très
peu de mammites cliniques à brucelles mais ces germes peuvent être
contenus dans la mamelle de manière inapparente d’où
le danger pour l’Homme.
- Mycoplasmes :
- germes appartenant à la classe des Mollicutes (pas de paroi).
- phénomène de portage chronique et asymptomatique qui contribue
à la diffusion de ces germes.
Virus
- Le CAEV est principalement impliqué dans les mammites
subcliniques avec de fortes baisses de production, mais il peut également
être impliqué dans des mammites
cliniques touchant principalement les primipares et se déclarant
brutalement autour de la mise bas.
Champignons
- Les mammites mycosiques sont rares et principalement cliniques.
FACTEURS FAVORISANTS
- Ces facteurs jouent sur la réceptivité de la
mamelle. Il s’agit de facteurs inhérents à l'animal et
à son environnement.
- Facteurs intervenants sur les défenses passives de
l’animal :
- Le flux de lait est un moyen mécanique d'élimination des
germes. Aussi, la fréquence de traite a une influence sur l’apparition
de mammites. Cependant, différentes études portant sur la suppression
d’une traite par semaine n’ont pas montré d’altération
de l’état sanitaire de la mamelle. par rapport au lot témoin
d’un même élevage.
- Facteurs de variation liés à l’animal
:
- Race : les hautes productrices (Alpine et Saanen) sont plus sensibles
- Stade de lactation : une constante progression du niveau d’infection
par les staphylocoques à coagulase négative au cours de la
lactation. De plus, la prévalence des infections est plus importante
chez les chèvres à lactation longue. Ceci peut s'expliquer
par l'absence de tarissement.
- Numéro de lactation : la prévalence des infections mammaires
augmente avec le numéro de lactation, par rapport au statut CAEV,
plus on avance dans les lactations, plus on a de chèvres séropositives.
- Conformation et état de la mamelle
- Facteurs de variation liés au milieu
- concernant la machine à traire :
- niveau de vide : Si le niveau de vide est trop bas, cela conduit à
un mauvais écoulement du lait et donc à une traite humide.
S'il est trop élevé, cela conduit à une congestion
des trayons.
- concernant la technique de traite, ces pratiques sont à éviter
:
- la surtraite
- l’égouttage : permet de récolter plus de lait,
mais les risques de circulation de germes par le phénomène
d’impact sont importants.
- mauvaise dépose du faisceau trayeur sans arrêt préalable
du vide provoquant : phénomènes d’impact, d’où
l’intérêt du décrochage automatique.
- Concernant la conduite du troupeau :
- Les troupeaux dessaisonnés semblent plus sensibles aux infections
que les autres, plus d’infections en début de lactation puisque
les chèvres venant de mettre bas sont mélangées avec
les autres plus avancées dans la lactation.
- Les conditions d'élevage des chevreaux sont très importantes
pour les risques de transmission du CAEV et donc pour l'apparition de mammites
virales.
- Alimentation
- Troubles métaboliques : acidose, alcalose, cétose. Cette
observation a été effectuée en particulier lorsque
les apports énergétiques ne sont pas adaptés aux apports
azotés : par exemple distribution de concentrés à
volonté ou apports en fourrages au pâturage mal évalués
(rappel : PDIN-PDIE < 14*UF et PDI < 150 UF)
- Carences en oligo-éléments et vitamines : Les carences
en phosphore et en zinc sont connues pour être une cause de mammite
chez les brebis laitières. Elles engendrent des baisses d'immunité.
Leurs effets spécifiques sur les infections mammaires de la chèvre
n'ont pas été étudiés. Il semblerait que la
carence en vitamine A puisse avoir un effet sur la sévérité
des mammites chez la vache. Le bon fonctionnement du système immunitaire
dépend de la vitamine E et du sélénium. Les carences
en vitamine E et sélénium sont courantes chez les ruminant
TRANSMISSION :
Sources et matières virulentes
- Infection bactérienne
- La contamination se fait principalement lors des opérations de
traite.
- les mamelles infectées et les lésions des trayons pour
les staphylocoques et Streptococcus agalactiae et Streptococcus
dysgalactiae
- la peau et les muqueuses même non lésées pour les
staphylocoques
- les canalisations et les lactoducs pour les staphylocoques
- les manchons trayeurs et les mains du trayeur sont des réservoirs
secondaires occupés temporairement par les agents pathogènes
- l’environnement, les fourrages moisis et l’air pour les entérobactéries,
les entérocoques et les champignons
- le lait, la plupart des sécrétions (génitales, respiratoires)
et excrétions (fèces, urine) pour les Mycoplasmes.
- Infection virale
- Les sources d'infection sont représentées par les caprins
infectés qui hébergent le virus à l'état latent
dans les cellules monocytaires.
- Les matières virulentes sont le lait et le colostrum, le sang et
exceptionnellement les autres sécrétions telles que le jetage,
la salive, les sécrétions uro-génitales, les sécrétions
bronchiques.
Mode de transmission
- Infection bactérienne
- En l'absence de maladie systémique, la porte d'entrée la
plus fréquente pour les infections est le canal du trayon. L’exposition
varie en fonction de l’état de la mamelle et donc des causes
possibles de lésions des trayons. Le logement et le climat sont donc
à rapporter à ce facteur puisqu'ils peuvent être à
l'origine de lésions de la mamelle. L’hygiène de traite
et le fonctionnement de la machine à traire ont également un
rôle important dans l’exposition aux pathogènes.
- Elle se fait par le passage direct de bactéries de la peau du
trayon dans la mamelle ou par le passage d’un quartier infecté
à un quartier sain du même animal via la griffe ou enfin par
le passage d’un animal infecté à un animal sain.
- Infection virale :
- La transmission s'effectue essentiellement lors de la période néonatale
pour le CAEV.
- Les chevreaux sont réceptifs jusqu'au 7ème jour pour la
contamination par ingestion.
- La contamination in utero n’a pas été vérifiée.
- A l'âge adulte, la contamination peut se faire via le sang lors
d'utilisation d'aiguilles souillées ou de matériel chirurgical
non désinfecté. Néanmoins, c'est la transmission par
le lait qui reste la plus fréquente.
- La transmission par voie vénérienne n'a pas été
démontrée.
INCIDENCE – PREVALENCE:
- Une enquête menée en Poitou Charente a donné
30% de mammites subcliniques dont 85% de staphylocoques non aureus et 15% de
Staphylococcus aureus, Streptococcus sp, Corynebacterium sp, mycoplasmes
et Brucella melitensis
Symptômes
- Comme leur nom l’indique, les mammites subcliniques
ne déclenchent pas de symptômes cliniques, ce qui les rend difficilement
identifiables par l’éleveur.
- Elles sont caractérisées notamment par une chute
de production lactée (près de 30%) et/ou une élévation
des cellules présentes dans le lait.
- Ces mammites peuvent persister plusieurs mois et parfois,
avec certains agents faire résurgence à la lactation suivante.
- Enfin la qualité du lait peut être modifiée
notamment en ce qui concerne les taux butyreux et taux protéique. On
voit également la concentration en lactose diminuer, celle en protéine
augmenter sans augmentation des caséines, une modification des micelles
de caséine (diminution de la quantité de caillé et augmentation
de son temps d’obtention).
Diagnostic
- Afin de lutter contre ces infections, il faut proposer aux
éleveurs des moyens de dépistage précis et faciles à
mettre en oeuvre.
DIAGNOSTIC CLINIQUE
- Il se réalise lors de mammites cliniques. On distingue
les mammites d’évolution aiguë et chronique.
- Lors de mammites subcliniques, l'inflammation n'est pas détectable
cliniquement même s'il y a une diminution de la production lactée.
Le diagnostic dépend donc d'examens complémentaires.
DIAGNOSTIC EXPERIMENTAL
:
Direct
- Il s’agit du diagnostic de certitude de l’infection
de la mamelle puisqu’il met en évidence la présence d’une
bactérie dans le trayon, qui a un contenu stérile en temps normal.
- De plus, cet examen permet de mettre en évidence le
germe causant la mammite et donc d’en adapter le traitement. Toutefois,
cette méthode présente un coût et un délai d’obtention
des résultats qui la rendent inutilisable à grande échelle.
Cette partie ne concerne pas l’étude de l’infection par
le CAEV.
- Le prélèvement de lait doit être réalisé
de manière aseptique. Selon les cas, on réalise des prélèvements
sur une demi-mamelle ou on mélange le lait des deux demi-mamelles. Pour
être rigoureux, seuls les résultats concernant une demi-mamelle
devraient être pris en compte puisqu’il existe une barrière
tissulaire entre les deux. Le prélèvement doit ensuite être
conservé entre 0 et + 4°C et être analysé dans les
24 h au laboratoire.
- Il faut relativiser cet examen, il existe de nombreux faux
positifs (lors de contamination des échantillons notamment), et faux
négatifs (difficultés de culture, intermittence de l’excrétion...).
Indirect
- Critère cellulaire
- Les comptages de cellules somatiques sont sensés permettre le
diagnostic épidémiologique des infections mammaires. Toutefois,
de nombreux facteurs sont à prendre en compte dans leur utilisation.
- L’ANICAP (l’Association Nationale de l’Interprofession
Caprine) a proposé une grille de paiement qui tient compte de ce critère
comme indicateur des infections mammaires. Cette grille s’adapte en
fonction des productions régionales. Elle est évolutive : une
fois que 70% du lait collecté satisfera au critère cellulaire,
celui-ci sera réévalué.
- Origine des cellules du lait :
- Les leucocytes sont présents dans le lait lors d’une inflammation
de la mamelle. Ils incluent les polynucléaires, dont les neutrophiles
sont de loin les plus nombreux, les lymphocytes et les monocytes. Le rôle
de ces cellules est prépondérant dans le développement
de la réponse immunitaire. La diapédèse des neutrophiles
a aussi lieu lors de la succion ou de la traite de la mamelle. Cette dernière,
même saine, est donc toujours alimentée en neutrophiles. A
chaque traite les neutrophiles morts sont évacués et remplacés
par des neutrophiles actifs la double traite quotidienne est donc une meilleure
protection contre les mammites qu’une seule traite journalière,
car les défenses cellulaires sont davantage renouvelées.
Ainsi dans une mamelle saine les neutrophiles représentent 45 à
74% des cellules du lait.
- Des cellules épithéliales se retrouvent dans le lait
: elles proviennent de la desquamation de la paroi interne de la mamelle
et des canaux galactophores. Chez la chèvre, la sécrétion
de lait est apocrine ; les cellules épithéliales sont donc
soit des cellules sénescentes de la paroi, soit des parties de cellules
sécrétrices de taille équivalant aux autres cellules.
Par conséquent, le comptage des cellules devra se faire uniquement
avec une technique détectant l'ADN et non les particules cellulaires,
sinon les résultats seront faussement élevés.
- Méthodes de numération cellulaire
- Le compteur de particule ou Coulter Counter : cette méthode
est basée sur le comptage des impulsions électriques créées
par le passage de particules entre 2 électrodes. Cette méthode
ne permet pas de différencier les éléments nucléés
des globules gras et des parties de cellules excrétées par
la glande. Aussi, les résultats des numérations cellulaires
sont beaucoup plus élevés que ceux obtenus par les méthodes
de détection d'ADN et peu corrélés à la teneur
en leucocytes du lait. Cette méthode n’est pas optimale pour
les caprins.
- Le compteur de type « Fossomatic » : l’ADN des éléments
nucléés est coloré spécifiquement grâce
au bromure d’éthidium. Ces éléments sont ainsi
repérés par une fluorescence rouge lorsqu’ils sont
éclairés par une lampe au Xénon. Leurs signaux permettent
de les dénombrer. C’est la méthode la plus utilisée
aujourd’hui car elle est automatisée et d’un coût
peu élevé.
- Le California Mastitis Test (CMT) est une méthode semi-quantitative
de détection cellulaire dans le lait. Elle s’appuie sur la
visualisation des filaments d’ADN dans l’échantillon.
Sous l’effet d’un tensioactif, les cellules se rompent et l’ADN
est libéré. Il forme alors un gel avec les globules gras
du lait, visible à l’oeil nu. En pratique, ce test est réalisable
par l’éleveur : il recueille 2mL de lait de chaque hémi-mamelle
dans deux coupelles, dans lesquelles il ajoute le réactif en quantité
égale. Le mélange se fait par des mouvements de rotation
de l’ensemble. Après une dizaine de secondes, on peut noter
la viscosité du mélange obtenu. Ce test est à réaliser
en milieu de lactation uniquement (manque de précision aux premier
et dernier mois) et sur le lait du début de la traite. Il permet
de détecter rapidement des femelles éventuellement infectées
et de rechercher une cause de contamination au niveau de la conduite du
troupeau. Toutefois, il est peu précis et d’utilisation subjective.
Cependant il faut soulever le problème de son manque de sensibilité
du fait des numérations classiquement plus élevées
chez la chèvre que chez la vache.
- Les numérations cellulaires caprines ont une moyenne d’environ
1 400 000 cellules par mL sur l’ensemble de la lactation. 45% des producteurs
produisent un lait dont la moyenne annuelle est inférieure à
1 000 000 cellules par mL
- Facteurs de variation des numérations cellulaires :
- facteurs de variation systémiques liés au fonctionnement
de la mamelle (sensiblement identiques chez tous les animaux) :
- mesures cellulaires de la traite du matin plus faibles que le soir
- la numération cellulaire augmente au fur et à mesure
de la lactation
- les numérations cellulaires individuelles augmentent à
partir de la deuxième lactation.
- dans les élevages où les chevreaux restent quelques
jours sous la mère, certains auteurs ont remarqué une augmentation
significative des numérations cellulaires chez les chèvres
ayant eu plusieurs chevreaux
- Facteurs zootechniques liés à l'élevage
- Réglage de la machine à traire
- Alimentation : équilibre azoté, minéraux et
oligo-éléments sont autant d'éléments qui
peuvent perturber l'organisme. Des signes d'acidose visibles sur un troupeau
peuvent être corrélés à une augmentation globale
des comptages cellulaires de tous les animaux. Toutefois, ces facteurs
agissent essentiellement sur les comptages cellulaires via une infection
sous-jacente lorsque les défenses immunitaires de l'animal sont
affaiblies.
- La mise au pâturage au printemps a également été
identifiée comme facteur associé à une élévation
des comptages cellulaires.
- stress d'une vaccination : celle-ci intervient environ 7 jours après
le chantier de vaccination. Les comptages cellulaires reviennent à
leur niveau normal 4 à 6 semaines plus tard.
- Facteurs individuels liés à l'animal.
- Facteurs liés à l’agent pathogène :
- les pathogènes majeurs déclenchent des taux cellulaires
plus élevés que les pathogènes mineurs, les germes
qui provoquent la plus grande inflammation sont S. aureus, Streptococcus
sp., E. coli, Proteus et des germes pyogènes
- les numérations cellulaires ne sont pas significativement
différentes dans les troupeaux indemnes de mycoplasmes et dans
ceux qui ont des animaux excréteurs mais pas d'infection clinique.
Par contre, les troupeaux présentant des signes cliniques d'infection
par des mycoplasmes (agalactie contagieuse (cf fiche) par exemple) ont
des numérations cellulaires plus élevées.
- Critère biochimique : activité de la NAGase
et de l’antitrypsine
- La N-Acetyl-B-D-Glucosaminidase (NAGase) se trouve notamment dans le
cytoplasme des cellules de la glande mammaire. Entre le 15ème et le
270ème jour de lactation, les valeurs moyennes de NAGase sont inférieures
à 1-2 nmol/min/mL. Lors de la première semaine de lactation
et après 270 jours, ces valeurs sont beaucoup plus élevées.
- L’antitrypsine, inhibiteur de la trypsine dérivé
du sang passe du sang vers le lait en quantité importante lors de
mammite et lors de la période colostrale.
- Pour ces deux molécules, les chèvres primipares présentent
des valeurs plus faibles que les autres chèvres.
- Les infections cliniques et subcliniques entraînent une élévation
significative de la NAGase (2-3,5nmol/min/mL), encore plus élevée
lors d’infection par un pathogène majeur (S. aureus). Cette
élévation pourrait être due à une sécrétion
d'éléments cytoplasmiques accrue par les cellules épithéliales
du fait de l'inflammation tissulaire. En ce qui concerne l’antitrypsine,
l’élévation n’est significative que lors des infections
cliniques, donc peu intéressante pour le dépistage des mammites
subcliniques
Conduite
à tenir
REFORME DES CHEVRES PRESUMEES
INFECTEES
- Ces réformes permettent d’éliminer une
partie du réservoir de bactéries du troupeau. On limitera ainsi
les nouvelles infections.
- Les réformes sont conseillées à deux
périodes clés : au tarissement selon les résultats de
la campagne précédente et en tout début de lactation,
l'idéal étant d'éliminer les chèvres potentiellement
réservoir de germes avant la mise à la traite des chèvres
présumées saines.
- Quels animaux réformer ?:
- Les chèvres présumées infectées par un pathogène
majeur au vu des numérations cellulaires de la campagne précédente,
celles atteintes par un pathogène mineur seraient curables par un
traitement hors lactation. Cette décision doit donc s’appuyer
sur une série d’au moins trois contrôles supérieurs
à 1 750 000 cellules/mL ainsi qu’un examen des noeuds lymphatiques
rétro-mammaires.
- chèvres ayant été atteintes d’une mammite
clinique lors de la lactation précédente et ayant conservé
des numérations cellulaires élevées,
- chèvres atteintes de mammites récidivantes,
- chèvres avec une anomalie de conformation de la mamelle
- chèvres présentant des lésions des trayons, une
palpation anormale, une mamelle déséquilibrée, signes
éventuels d’une inflammation chronique.
TRAITEMENT AU TARISSEMENT
- Beaucoup d'éleveurs conservent des chèvres en
lactation longue, en effet les quantités de lait produites par des chèvres
taries et non taries semblent être les même sur la durée
d’une lactation « classique » (PAAPE,1997).
Or, le tarissement est une période nécessaire pour le repos de
la glande mammaire et l'élimination des germes qui s'y sont implantés.
Garder des chèvres en lactation longue représente un risque d'infection
accru. Ces chèvres sont alors des réservoirs de germes.
- Différents auteurs préconisent un tarissement
brutal, préparé par une restriction alimentaire progressive et
une suppression transitoire des concentrés.
- On conseille de mettre des seringues intra mammaires au tarissement
à toutes les chèvres, dès lors que 40% d’entre elles
sont présumées infectées par des pathogènes mineurs
ou majeurs. Le traitement systématique est une solution, mais lorsque
la pression d'infection est moindre, un traitement sélectif peut s'avérer
efficace et surtout moins coûteux.
- La méthode de pose des seringues est importante : avant
d’injecter l’antibiotique, le trayon doit être désinfecté
; la canule doit être introduite dans le canal du trayon de manière
atraumatique. On doit utiliser une seringue entière d’antibiotique
pour chaque demi-mamelle. Une seringue utilisée pour un trayon ne doit
jamais être utilisée pour un autre trayon.
- Afin de respecter le délai d’attente des seringues
intra mammaires, la durée du tarissement doit être d’au
moins 60 jours.
- Ce traitement au tarissement permet d'obtenir une amélioration
des taux de guérison et une diminution des taux de nouvelles infections.
- Les pénicillines semblent relativement adaptées
aux mammites staphylococciques cependant, l’on voit apparaître
des résistances au sein des SCN. L’identification du pathogène
en cause permettrait de limiter les risque d’apparition d’antibiorésistance.
Dans le cas d’une chèvre récidivant, la question de l’abattage
devra être soulevée.
TRAITEMENT DES CHEVRES
A MAMMITE CLINIQUE
cf mammites cliniques
Prophylaxie
- Les grandes causes de transmission des mammites sont la machine
à traire et la technique de traite.
REDUCTION DES RISQUES DE TRANSMISSION
PASSIVE DES BACTERIES AU COURS DE LA TRAITE
Mise en place d’un ordre de traite
- Il faudrait faire passer en premier les chèvres présumées
non infectées, et en dernier les chèvres présumées
infectées. Mais, sur le plan pratique, il est difficile de demander
à l’éleveur de faire des lots en fonction des infections
mammaires (ceux-ci sont plutôt faits en fonction de la reproduction).
- Les primipares sont supposées saines donc doivent être
traite en première. Elles mettent souvent bas un peu plus tard que les
multipares et la conduite des lots se fait généralement sur cette
base. C’est pourquoi, réaliser un ordre de traite avec les primipares
en premier s’avère assez simple. Toutefois, certaines multipares
saines peuvent passer après des primipares éventuellement infectées.
Hygiène de traite
- Les trayons, les manchons trayeurs et les mains du trayeur
doivent être propres avant chaque traite.
- L’idéal serait comme en troupeau bovin d’effectuer
un pré-trempage des trayons avant la traite afin d’éviter
les contaminations. Cependant à cause de la taille des troupeaux, le
travail de nettoyage est très chronophage.
Nettoyage et entretien de la machine à traire
- La machine à traire doit être contrôlée
tous les ans pour ce qui est des paramètres de réglage.
- Les manchons doivent être changés dès qu'ils
sont fendillés (environ tous les ans).
- Le nettoyage est à réaliser après chaque
traite en alternant l'utilisation de produits basique et acide.
Limitation de la traite humide et adaptation du matériel
de traite
- Lors de traite humide, le lait baigne le trayon et peut le
contaminer facilement car le sphincter est ouvert pour l'éjection. Une
infection peut donc passer d'une demi-mamelle à l'autre, mais également
d'une chèvre à une autre via les gouttelettes de lait
déposées sur les parois des tuyaux et de la griffe.
- Lors de surtraite, le lait peut même être réaspiré
par le trayon lors d'un flux inversé. Afin d'éviter ce phénomène,
il faudra donc que le tuyau d'évacuation du lait soit de diamètre
assez large pour empêcher que le lait ne stagne dans la chambre.
REDUCTION DES RISQUES
DE TRANSMISSION ACTIVE DES BACTERIES AU COURS DE LA TRAITE
- Il s’agit des phénomènes d'impact (entrées
d'air dans la griffe et projection de gouttelettes de lait). La méthode
de pose et de dépose des faisceaux trayeurs est donc à surveiller.
- Le moyen le plus simple est d’être muni d’une
dépose automatique, le vide est coupé avant de retirer la griffe,
il faudra juste vérifier les réglages. Il permet aussi de limiter
la surtraite. En effet cette dernière semble être un facteur de
stress pour la mamelle, lié à l'augmentation des comptages de
cellules somatiques.
- Toutefois, le système de dépose automatique
n'est pas le moyen miracle qui permet de prévenir tous les phénomènes
d'impact. En effet, celles-ci peuvent aussi survenir en cours de traite lors
de chutes de faisceaux accidentelles.
REDUCTION DES RISQUES
D'ALTERATION DE L'ETAT DU SPHINCTER DU TRAYON
- L'altération des trayons peut être appréciée
par l'observation de leur état : présence de lésions d'hyperkératose,
d'anneaux de compression, de micro-hémorragies, éversion du sphincter,
congestion de l'extrémité du trayon. Différentes mesures
peuvent être mises en oeuvre afin de les protéger.
Réglage de l'installation de traite
- le niveau de vide doit se situer entre 38 et 40 kPa, pas moins
de 36 kPa pour un lactoduc en ligne basse et pas plus de 43 kPa pour une ligne
haute.
- la vitesse de pulsation se situe à 80-90 pulsations
par minute avec un rapport de 60/40 (60 pour la phase de succion et 40 pour
la phase de massage).
Technique de traite
- La traite humide, l’égouttage, une mauvaise dépose
des manchons trayeurs peuvent occasionner des lésions.
- La surtraite est fréquente, elle est bien souvent due
à un manque de vigilance de l'éleveur. Elle doit être la
plus réduite possible, pour cela, le nombre de postes de traite par
trayeur ne doit pas excéder 12.
- La multiplicité des trayeurs et de leurs pratiques de
traite au sein d’un même élevage augmente les risques d’erreur.
Sélection de chèvres à mamelle adaptée
- Il est conseillé de ne pas conserver la descendance
des chèvres ayant une mamelle mal conformée. La sélection
génétique du troupeau doit aussi prendre ce critère en
considération et ainsi orienter le choix des éleveurs vers des
boucs améliorateurs.
REDUCTION DES RISQUES
DE TRANSMISSION DES BACTERIES EN FIN DE TRAITE
- La désinfection et la protection des trayons en fin
de traite permettraient de réduire la remontée des bactéries
de la litière notamment dans les mamelles.
- Il existe pour cela des produits de trempage ou de pulvérisation
désinfectants (à base d'iode ou de chlorhexidine) alliés
à des adoucissants surgraissants. Ils ont un effet barrière empêchant
la pénétration des bactéries entre deux traites.
- Cette mesure malheureusement allonge le temps de travail (en
moyenne 15 minutes de temps de traite en plus pour 100 chèvres) et représente
un coût important.
- De plus le post-trempage n'a aucun effet sur les lésions
causées par un mauvais réglage de la machine à traire
(érythème, congestion, éversion du canal du trayon…).
PROPHYLAXIE MEDICALE