CHLAMYDIOSE
Chlamydophylose avortement enzootique
Epidémiologie – Symptômes
– Lésions – Diagnostic
-
Conduite à tenir – Prophylaxie – Risques
pour l'Homme - Bibliographie
Epidémiologie
ETIOLOGIE :
- Chlamydophila abortus (anciennement Chlamydia
psittaci souche abortive des mammifères ou sérotype-1)
- Bactérie appartenant à la famille des Chlamydiaceae
et au groupe des Rickettsies.
- Il s'agit d'une bactérie intracellulaire obligatoire
assimilée à une bactérie Gram négatif bien qu’elle
soit difficilement colorable par la technique de Gram.
- Il existe deux formes, une métaboliquement inerte qui
est la forme infectante et une métaboliquement active qui est la forme
intracellulaire.
- La forme infectante peut survivre plusieurs jours dans le
milieu extérieur dans les conditions météorologiques printanières
(humidités et températures moyennes), et plusieurs mois lorsque
les températures sont proches de zéro.
- Les Chlamydophila sont résistantes aux acides
et aux bases, on peut les détruire par la chaleur ou grâce aux
désinfectants et détergents comme les ammoniums quaternaires
ou encore le formaldéhyde.
TRANSMISSION :
- La bactérie est transmise par ingestion de matières
virulentes, aérosols ou inoculation directe dans les yeux (muqueuse
oculaire).
- La transmission vénérienne est aussi envisageable
au vu de la quantité de Chlamydophila excrétée
en période d’ovulation.
- Les sources principales de bactéries sont les placenta
et liquides fœtaux des femelles qui avortent. Chez la brebis, l’excrétion
débute le jour de l’avortement et se poursuit pendant deux à
trois semaines. Une excrétion urinaire et fécale est présente
longtemps après l’avortement mais à moindre mesure. Chez
la chèvre, le début de l’excrétion peut commencer
plusieurs semaines avant l’avortement et se poursuivre jusqu'à
plus de 2 semaines après celui-ci dans les fluides vaginaux, on retrouve
aussi la bactérie dans le lait de ces dernières.
- L’excrétion peut perdurer plusieurs années
avec des pics les 3-4 jours autours de l’ovulation et ainsi permettre
la persistance de la maladie au sein du troupeau.
ESPECES AFFECTEES :
- mammifères, oiseaux, Homme
- ovins et caprins
REPARTITION GEOGRAPHIQUE
:
- Bactérie ubiquiste à l’exception de l’Australie
et la Nouvelle-Zélande.
INCUBATION :
- La période d’incubation peut être très
variable.
- Elle peut être longue car l'infection ne s'établit
que dans l'utérus gravide pendant les deux derniers mois de gestation.
Si la contamination se fait suffisamment tôt dans la gestation, les symptômes
aboutiront à l’arrêt de cette gestation (avortement), dans
le cas contraire l’avortement aura lieu à la gestation suivante.
Symptômes
- Les petits ruminants peuvent être des porteurs sains
de la bactérie.
- Les brebis sont rarement malades, elles présentent
éventuellement des écoulements vulvaires brun-rouge pendant plusieurs
jours après le part.
- On observe au sein du troupeau une maladie abortive d’allure
enzootique touchant les femelles dans leurs trois dernières semaines
de gestation. Dans un troupeau naïf, les avortements touchent jusqu’à
30% des brebis gestantes et jusqu’à 60 à 90% des chèvres
gestantes. Grâce à une forte immunité persistante, à
la saison suivante les femelles ayant avorté cette année là
mettent bas normalement donnant naissance à des petits sans anomalie.
Ainsi les avortements ne touchent qu’environ 5-10% des gestations.

- Lorsque la gestation arrive à son terme, elle aboutit
à la naissance d'un jeune chétif, de faible poids, pouvant présenter
une pneumonie, une arthrite ou une conjonctivite. On observe aussi la naissance
de prématurés. Cependant lors de gestation multiple, il n’est
pas rare de voir un petit chétif et un petit normal, les Chlamydophila
n’ayant pas altéré la production de prostaglandine et de
stéroïde des deux placentas.
- Après l’avortement, les rétentions
placentaires sont rares surtout chez la brebis, mais elles peuvent être
plus fréquentes chez la chèvre qui peut parfois aussi présenter
une métrite.
- La réceptivité est maximale entre 60 et 100
j de gestation,
- en début de gestation, il y a résorption
- En fin de gestation, on observe des avortements ou des agneaux chétifs,
présentant de l’arthrite, une pneumonie, une conjonctivite
- Les agneaux nés de mères contaminées
développent une épididymite et excrètent des Chlamydophila
dans le sperme, leur taux d’anticorps reste cependant inférieur
au seuil de positivité lors de diagnostic de chlamydiose. Apparemment,
aucun bouc ne semble présenter d’épididymite à Chlamydophila.
- L’infection des femelles non gravides évolue
souvent vers une guérison et le développement d’une immunité,
cependant elles peuvent avorter à la gestation suivante.
- Seulement 50% et parfois moins des chèvres guérissent
après un avortement chlamydophilique. Chez cette espèce les chutes
de production laitière peuvent représenter 30 à 90% des
femelles. De plus il n’est pas rare d’observer des complications
telles que pneumonies et arthrites.
Lésions
- Malgré la localisation privilégiée de
la bactérie dans l’utérus, aucune lésion n’est
systématiquement associée au portage de Chlamydophila.
- Aucune lésion macroscopique n’est spécifique
que ce soit sur le placenta ou l’avorton. Cependant le placenta est souvent
nécrotique dans les zones cotylédonaires et épaissis dans
les zones intercotylédonaires, on peut aussi noter de l’œdème
ainsi qu’un exsudat couvrant les membranes. Le placenta intercotylédonnaire
prend alors l’aspect de cuir tanné.

- Le foetus est le plus souvent normal, il peut cependant parfois
être autolysé. On le retrouve assez souvent recouvert d’un
exsudat brun-rouge provenant du placenta.
- Occasionnellement, un oedème, un transsudat dans les
cavités pleurales ou péritonéales ou encore des points
de nécroses blancs sur le foie peuvent être notés.
- Chez les avortons de caprins, on retrouve assez souvent des
pétéchies sur la langue et dans la cavité buccale ainsi
que sur les onglons.
- En microscopie, des lésions de pneumonie interstitielle
ou de nécrose splénique ou hépatique peuvent s’observer
sur les avortons.
Diagnostic
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL :
- Avortements du dernier tiers de gestation
PRELEVEMENTS POUR ANALYSES
AU LABORATOIRE :
Direct
- Il s’agit d’un examen bactérioscopique
direct par coloration de Giemsa ou de Ziehl-Neelsen modifié
- sur avorton : à partir d’un écouvillon sur la toison
encore humide, un échantillon de poumon, de foie, voire du contenu
stomacal.
- sur frottis ou calque de cotylédons ou des zones intercotylédonnaires.
- sur frottis vaginaux de la mère, dans les 24h suivant l’avortement
pour les ovins et dans les 72h suivant l’avortement pour les caprins.
- Cet examen ne peut être interprété par un novice
car il est délicat de différentier les Chlamydophila
des Brucella ou Coxiella
.
- On peut aussi utiliser l’immunofluorescence pour mettre
en évidence des antigènes de Chlamydophila, il s’agit
d’une méthode plus spécifique et plus sensible que la bactérioscopie.
- La PCR sur broyat de placenta, écouvillons vaginaux,
lait ou fèces est une autre technique utilisable, cependant beaucoup
de faux négatifs apparaissent.
Indirect
- La méthode la plus fréquemment utilisée
est la sérologie sur plusieurs femelles (une dizaine de sérum
en général voire plus) par la technique de fixation du complément,
ou enfin l’ELISA.
- Ces tests ne sont malheureusement pas spécifiques d’espèce
et d’autres bactéries Gram négatif peuvent donner des faux
positifs (par ex. Acinetobacter pour l’ELISA ou encore C.
pecorum pour la fixation du complément).
- Le test de fixation du complément est réalisé
de préférence trois à six semaines après l’avortement
ou la mise bas, moment ou le taux d’anticorps est maximal. L’idéal
étant même de faire deux tests un le jour de l’avortement,
l’autre trois semaines plus tard pour réaliser un suivi cinétique.
- La présence d’IgM est très transitoire
et les IgG sont peu ou pas présentes chez les animaux n’ayant
pas mis bas, il est donc important de sélectionner le meilleur test
en fonction du type d’animal.
Conduite
à tenir
TRAITEMENT :
- La chlamydophilose est en général traitée
avec des tétracyclines, cependant l’érythromycine ou d’autres
macrolides peuvent aussi être utilisés ainsi que les quinolones.
EN CAS DE SUSPICION :
- La brebis ayant avorté doit être isolée
pendant environ 3 semaines après la mise bas.
- Les autres animaux doivent être tenus à l’écart
des zones souillées par les produits de l’avortement.
Prophylaxie
SANITAIRE :
- Le renouvellement du troupeau doit se faire à partir
d’animaux venant d’élevage indemne de chlamydophilose.
MEDICALE :
- Vaccination :
- Le vaccin permet de réduire l’incidence et la sévérité
des avortements mais n’est pas protecteur à 100%. Les vaccins
à souches vivantes permettent aussi de diminuer l’excrétion
de la bactérie et ainsi la propagation en cas d’apparition de
la maladie. Les animaux porteurs peuvent être vaccinés mais
ils ne seront pas efficacement protégés contre l’avortement.
- Chlamyvax ® FQ (Mérial): vaccin à souche inactivé
et adjuvant huileux, l’injection se fait par la voie sous cutanée,
15 jours avant le début de la gestation
- Tecvax ® Chlamydia (vétoquinol) : vaccin à souche vivante
de C. abortus ovis souche 1B, l’injection se fait par la voie
sous cutanée un à deux mois avant la lutte.
- Ovilis® Chlamydia (intervet) : vaccin à souche vivante de
C. abortus ovis souche 1B, l’injection se fait par la voie
sous cutanée un à deux mois avant la lutte.
- Antibiothérapie :
- Un traitement à base de tétracyclines longue action permet
de prévenir un avortement, cependant cela n’empêche pas
l’excrétion de la bactérie à la mise bas.
- 20mg/kg d’oxytétracycline en intramusculaire à 105
et 120 jours de gestation
Risques
pour l'Homme
- La contamination de l’homme est rare
- Les symptômes se caractérisent par des signes
pseudo-grippaux :
- Fièvre, maux de tête, vomissement, vertiges
- Chez les femmes enceintes, un avortement peut apparaître juste
après le début des symptômes et ceci entre la quatorzième
et la trente-sixième semaine de gestation.
- Si la maladie n’est pas traitée, l’infection provoque
une septicémie associée à une hépatite, un dysfonctionnement
rénal, une pneumonie et de la CIVD (coagulation intravasculaire disséminée)
- Le traitement, tout comme l’animal, est à base
de tétracycline, érythromycine et autres macrolides ou quinolones.
- La prévention passe par une bonne hygiène des
mains notamment, la femme étant sensible à n’importe quel
stade de la gestation, toute femme enceinte doit se tenir à l’écart
des avortements ou mises bas ainsi que de leurs produits et cela même
pendant les mises-bas suivantes.
- EN CAS DE DOUTE, IL FAUT IMPERATIVEMENT PRENDRE CONTACT AVEC
SON MEDECIN.
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diagramme symptomatologie chlamydophilose

épisodes d'apparition de la chlamydophilose


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Autopsie d'avortons (suspiçion de Chlamydiose)


placentite

conduite à tenir