– CALCULS URETRAUX –
NECROSE DU PENIS
Epidémiologie – Symptômes
– Lésions – Diagnostic
-
Conduite à tenir – Prophylaxie – Bibliographie
Epidémiologie
- Cette pathologie est fréquente chez les mâles
à croissance rapide nourris avec de grandes proportions de concentrés.
De fortes concentrations en phosphore dans l’aliment semblent induire
la maladie. Le magnésium ne semble pas spécifiquement accroître
le risque d’apparition de calculs, on ne peut pas en dire autant de l’excès
de minéraux.
- Les petits ruminants de compagnie sont particulièrement
touchés, la castration et une alimentation riche (beaucoup de grains)
étant des facteurs favorisants. La castration précoce occasionne
un déficit de développement du pénis et de l’urètre,
développement sous contrôle de la testostérone.
- Le manque d’eau favorise aussi l’apparition de
calculs urinaires, ainsi il n’est pas rare de voir des cas en hiver (réservoirs
d’eau gelés).
- Les races ovines Texel et Scottish sont prédisposées
à la formation de calculs urinaires.
Symptômes
- Des symptômes urinaires classiques sont observés
tels que anurie, dysurie et hématurie. Dans des cas plus avancés,
la vessie peut se rompre et occasionner un uropéritoine.
- L’urine peut aussi s’écouler dans le fourreau
et le scrotum.
- Certains animaux présentent des douleurs abdominales
: coups de pieds dans l’abdomen, auto-auscultation... Les membres postérieurs
sont arqués
- Dans les cas les plus graves, l’animal est anorexique,
urémique et peut décéder.
- Enfin des conséquences sur la reproduction sont observées
comme l’incapacité d’entrer en érection
- Les complications de cette pathologie sont graves notamment
en cas de rupture vésicale.
Lésions
- Le calcul se situe en premier lieu dans le diverticule urétral
mais aussi fréquemment au niveau de la courbure sigmoïde.
- Une fibrose occasionnée par l’abrasion due aux
calculs peut induire un blocage des afflux sanguins dans le corps caverneux.
Diagnostic
DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL :
- Toute autre douleur abdominale.
- Rupture du corps caverneux : dans ce cas,
l’animal peut uriner.
EXAMENS COMPLEMENTAIRES
:
- Une prise de sang sur tube hépariné permet de
rechercher les paramètres rénaux sanguins : urée et créatinine.
Le dosage de l’urée est peu convaincant chez les caprins (un cas
avancé peut avoir une urémie normale)
- L’échographie permet d’identifier la localisation
du calcul et ainsi de déterminer l’intervention à effectuer.
- La cystourèthrographie peut aussi être envisagée.
Conduite
à tenir
TRAITEMENT :
- Les animaux ayant des paramètres sanguins élevés
ne doivent pas être traités par intérêt économique.
La valeur en potassium limite a été estimée à 5.2mEq/L
par certains auteurs ( Van Metre et Fubini,
2006).
- Pour soulager les animaux et permettre de rééquilibrer
les paramètres sanguins de ces derniers, une cystocentèse ou
des vidanges vésicales via une sonde urinaire transcutanée sont
possibles. La pose de cette dernière ne doit en aucun cas excéder
24-36h. L’obstruction n’étant pas levée, ce traitement
n’est pas définitif.
- L’amputation du diverticule urétral permet de
conserver un animal fertile dans plus de 90% des cas, cependant il ne devra
pas être utilisé dans les six semaines qui suivent l’intervention.
- L’animal doit être tranquilisé et/ou subir une anesthésie
épidurale lombosacrée afin de pouvoir extérioriser le
pénis. La xylazine est fortement déconseillée lors d’urolithiase,
l’utilisation de diazépam peut être envisagée à
la dose de 0,1mg/kg en IV lente. La lidocaïne à 2% (1mL/5-10kg)
permet une extériorisation du pénis plus facile.
- Le pénis est extériorisé complètement à
l’aide d’une compresse sèche.
- Le diverticule urétral est incisé à sa base.
- Lorsque le calcul est en position antérieur au diverticule
urétral, il est souvent nécessaire de faire une urétrostomie.
Les tissus nécrosés doivent aussi être excisés.
Dans ce cas, le calcul est souvent localisé au S pénien, il s’agit
donc principalement d’urétrostomie périnéale avec
ou sans pénectomie.
- L’animal est placé en décubitus ventral et la queue
est attachée d’un côté.
- Une anesthésie épidurale sacro-caudale ou lombo-sacrale
est pratiquée par infiltration locale de lidocaïne 2 %. Une anesthésie
générale est aussi envisageable (pas de xylazine).
- La zone du périnée, c'est-à-dire de l'anus au scrotum
ou à la cicatrice de castration, est tondue, nettoyée et désinfectée.
- L'urétrostomie est réalisée dans la moitié
ventrale du périnée : ceci permet de créer d’autres
ouvertures plus dorsales en cas de récidive. Une incision cutanée
verticale de 3 à 6 centimètres de long est pratiquée.
Le tissu sous-cutané et les fascias musculaires sont incisés
jusqu’aux muscles rétracteurs du pénis. Ces muscles se
présentent sous la forme de deux bandes roses finement striées.
La dissection est continuée entre ces deux muscles afin d'accéder
au pénis. Celui-ci a une structure ferme et possède une albuginée
blanche.
- Une dissection mousse est effectuée tout autour du pénis
pour libérer la courbure distale de l’inflexion sigmoïde.
Le pénis est extériorisé en appliquant dessus une traction
caudo-dorsale. En cas de rupture urétrale, le pénis est excisé
distalement au site d’urétrostomie. Cela facilite le drainage
de l’urine des tissus de la région inguinale. L’infection
des tissus dévitalisés est aussi évitée. Les
vaisseaux péniens dorsaux sont ligaturés en amont du site d’excision
puis le pénis est réséqué.
- Le pénis est ensuite sectionné. Le plan de section se situe
2 à 4 centimètres distalement à l’extrémité
dorsale de l’incision cutanée.
- Le retrait de la portion distale du pénis facilite le drainage
des tissus infiltrés par l’urine lors de rupture urétrale.
Dans ce cas, les vaisseaux dorsaux du pénis sont ligaturés
proximalement à la section. Le pénis est ensuite sectionné
perpendiculairement au grand axe, puis la portion distale retirée.
Une bande horizontale de tissu caverneux est ensuite retirée au niveau
de l’about pénien et les bords de ce tissu caverneux sont suturés
ensemble. L’about pénien est orienté vers la limite distale
de l’incision cutanée. Si l’about distal n’est pas
retiré, les vaisseaux péniens dorsaux sont laissés en
place.
- Le segment pénien extériorisé doit ensuite être
maintenu en place. Un fil de nylon USP 3-0 (déc. 2) est passé
à travers la peau et dans l’albuginée du pénis
de chaque côté de l’extrémité distale de
l’incision cutanée. Une autre technique consiste à suturer
l’albuginée au tissu souscutané de l’extrémité
de la plaie avec du fil de polydioxanone USP 3-0 (déc. 2).
- L'urètre est incisé verticalement sur 3 à 6 centimètres
(même taille que l’incision cutanée). Si l’incision
cutanée est trop longue, on peut la suturer partiellement afin de
créer une ouverture alignée avec les bords de l’urètre.
- La muqueuse urétrale est ensuite étalée puis suturée
à la peau avec du fil de polydioxanone USP 3-0 (déc. 2). Les
extrémités dorsale et ventrale de l’incision urétrale
peuvent être suturées aux extrémités correspondantes
de l’incision cutanée afin d'assurer la béance de l’ouverture.
- La pose d’une sonde urinaire peut faciliter le drainage de l'urine
en post-opératoire. Cette sonde est suturée à la peau
- Une troisième possibilité d’intervention
chirurgicale est la mise en place d’un tube de cystotomie :
- En pré-opératoire, de la flunixine méglumine est
injectée en intraveineux à la dose de 1mg/kg ainsi qu’une
bétalactamine (pénicilline G procaïnée ou ceftiofur
par exemple).
- L’animal est mis en décubitus dorsal après anesthésie
(pas de xylazine)
- L’abdomen est préparé chirurgicalement, puis une
incision paramédiane de 8 à 10 cm est effectuée à
2-4 cm latéralement au prépuce à mis chemin entre la
base du scrotum et l’orifice préputial.
- Deux fils de soutien sont posés sur la vessie à proximité
de l’apex, exprès extériorisation de cette dernière,
une incision longitudinale de 2-4cm est effectuée proche de l’apex.
- L’urine est aspirée et un lavage avec du NaCl 0,9% stérile
est mis en place.
- La cystotomie est suturée par deux surjets inversants avec un
fil résorbable monofilament 0 ou 2-0. Une très fine incision
est faite ventrolatéralement sur la vessie à proximité
de l’apex. Une suture en bourse (sans serrer les fils) est faite autour
de cette incision.
- Une sonde de Foley (18-20ch) est passée dans une incision parallèle
à l’incision de laparotomie et l’extrémité
libre de la sonde (celle avec le balonnet) est passée dans l’incision
vésicale. Le ballonnet est gonflé à l’intérieur
de la vessie et la suture en bourse resserrée. La sonde sera ensuite
suturée à la peau.
- La cavité abdominale est rincée et la paroi abdominale
suturée.
- En post-opératoire les anti-inflammatoires sont poursuivis à
1,1mg/kg en IV deux fois par jour pendant 3 à 5j, les antibiotiques
sont aussi maintenus au moins un jour de plus.
- Une irrigation de la vessie avec 200mL d’acétate de sodium
et d’acide acétique (pH=4,5) à 10% tous les jours permet
d’obtenir un pH défavorable aux calculs.
- Une irrigation de la vessie avec 200mL d’acétate de sodium
et d’acide acétique (pH=4,5) à 1La sonde de Foley est
laissée béante pendant 7jours ou jusqu’à ce que
le prépuce se souille d’urine, ensuite elle est fermée
par un clamp qui sera desserré si l’animal ne peut pas uriner.
Dès que la miction se fait normalement avec le clamp fermé
pendant 24-48h, le ballonnet est dégonflé, la sonde retirée.
- Cette dernière technique permet de conserver un animal fertile.
Prophylaxie
SANITAIRE :
- En prévention des récidives, la ration distribuée
devra avoir une faible teneur en protéine et un rapport calcium sur
phosphore Ca/P = 2:1 à 2,5.
MEDICALE
:
- De même pour prévenir les récidives, du
chlorure d’ammonium peut être administré à la dose
de 25mg/kg toutes les 24h per os jusqu’à l’obtention d’un
pH urinaire de 5,5-6,0 puis la dose devra être adaptée pour maintenir
ce pH (en pratique on fixe bien souvent la barre à 10mg/animal/jour
que l’on maintient du début à la fin).
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(balano)posthites ovines

diagnostic calcul uretral caprin