Hypothèses diagnostiques
Entité pathologique | Arguments en faveur |
Arguments en défaveur |
---|---|---|
Cellulite (bactérienne, fongique ou idiopathique) |
- Lésions suppurées et nécrotiques - Secondaire à une endocrinopathie (hypercorticisme ?) |
- |
Leishmaniose |
- Symptômes généraux (hyperthermie ondulante, troubles digestifs et rénaux) |
- Absence de voyage en zone endémique - Présentation cutanée très atypique |
Pyodémodécie |
- Lésions furonculeuses sur le tronc - Alopécie modérée du tronc - Altération importante de l’état général (démodécie secondaire à une atteinte systémique ?) |
- |
Vascularite aigüe |
- Aggravation des lésions suite aux traitements (vascularite médicamenteuse) - Antécédents de pancréatite (vascularite immune) - Syndrome fébrile, altération état général - Lésions pustuleuses et nécrotiques d’apparition aigüe |
- Localisation atypique (habituellement sur les oreilles, doigts, queue) |
Panniculite nodulaire stérile idiopathique |
- Race prédisposée - Atteinte du tronc : nodules purulents de quelques centimètres, peu nombreux - Symptômes généraux |
- |
Examens complémentaires
Examen réalisé | But |
Résultat |
---|---|---|
Calque |
Mise en évidence de signes de surinfection bactérienne |
Nombreux coques |
Biopsie en vue d’une histologie |
Mise en évidence de lésions histologiques spécifiques d’une cellulite ou vascularite |
Vascularite à cellules polymorphes (lymphocytes, histiocytes, monocytes) associées à des lésions inflammatoires de dermite, cellulite et de nécrose |
Diagnostic : Vascularite d’origine indéterminée [infectieuse (pancréatite, babésiose) ou médicamenteuse (imidocarbe, acide tolfénamique, cefalexine)] |
Traitement
Principe actif | Nom déposé |
Posologie |
Indications |
---|---|---|---|
Clindamycine |
Antirobe® |
10 mg/kg BID pendant 2 mois |
Traitement de la surinfection bactérienne |
Pentoxifyline |
Karsivan® |
6mg/kg BID pendant 2 mois |
Action immunomodulatrice et rhéologiques pour le traitement des vascularites |
Suivi
......Les propriétaires ne se sont pas présentés à la consultation de suivi.
Discussion
......Les vascularites ont le plus souvent une origine dysimmunitaire. La présence d’un antigène circulant déclenche la formation de complexes immuns. Ceux ci se déposent sur la paroi des vaisseaux de petit calibre du fait du ralentissement du flux. Une réaction d’hypersensibilité de type III qui aboutit à la nécrose ischémique des vaisseaux oblitérés. Les vascularites sont classiquement classées en infectieuses ou non infectieuses.
......Les causes infectieuses des vascularites sont nombreuses : bactérienne (septicémie, endocardite bactérienne) fongiques, virales (parvovirus, coronavirus), parasitaires (ehrlichiose, anaplasmoses, leishmaniose, babésioses, dirofilariose). Dans le cas présent la suspicion de piroplasmose n’a pas pu être confirmée et l’on ne peut donc pas incriminer l’agent Babesia Canis comme agent de la vascularite.
......Les causes non infectieuses à l’origine d’une vascularite sont des médicaments d’usage courant (cefalexine, imidocarb, meloxicam…), les vaccins (notamment ceux immunisant contre la rage), les maladies auto immunes (lupus érythémateux systémique) ou encore une tumeur. Si aucun antigène spécifique n’a pu être identifié, elle est alors dite idiopathique. Une étude rétrospective sur 21 cas de vascularites [1] a classé plus de 50% des cas en tant qu’idiopathique. Même si l’étiologie est rarement déterminée, un diagnostic de vascularite doit être suivi d’examens complémentaires pour rechercher une cause infectieuse et d’une enquête minutieuse sur les traitements reçus. L’analyse histologique peut parfois orienter sur l’agent causal mais ce ne fut pas le cas ici.
Bibliographie
[1] PR Nichols, DO Morris, KM Beale. A retrospective study of canine and feline cutaneous vasculitis. Veterinary Dermatology, 2001, 12(5):255-64.
[2] DO Morris, KM Beale. Cutaneous vasculitis and vasculopathy. Veterinary Clinics of North America Small Animal Practice, 1999; 29(6): 1325-1335.
Juin 2009,
Cas vu en consultation de parasitologie-dermatologie à l'ENVA, rédigé par Léna Olen et Mylène Vigreux dans le cadre de la thèse dirigée par Dr G. Marignac et codirigée par Dr F. Bernex.
Examen clinique
......L’animal est abattu et dysorexique. Les constantes vitales sont dans les valeurs usuelles au moment de l’examen. Néanmoins, une hyperthermie ondulante est rapportée depuis une semaine. Les troubles digestifs se sont améliorés. L’examen dermatologique montre des lésions furonculeuses multicentriques (dos, cuisse, cou, flanc) purulentes et prurigineuses. Elles sont entourées de croûtes noirâtres. Des zones d’alopécie débutantes au niveau du flanc et du cou sont également présentes.