Clochette, chat européen femelle âgée de cinq ans |
|
Motif de consultation Apparition de lésions sur chaque lèvre supérieure dix jours plus tôt Anamnèse et commémoratifs
|
Hypothèses diagnostiques
Entité pathologique | Arguments en faveur |
Arguments en défaveur |
---|---|---|
1) Origine allergique
|
||
Dermatite par hypersensibilité aux piqûres de puces (DHPP) | - Prurit saisonnier
- Ulcère et granulomes éosinophiliques |
- Animal traité contre les puces (Frontline ®) régulièrement |
Allergie alimentaire | - Prurit facial - Ulcère indolent et granulomes éosinophiliques |
- Caractère saisonnier du prurit - Aucun trouble digestif rapporté |
Dermatite atopique | - Prurit - Ulcère indolent et granulomes éosinophiliques - Age d’apparition du prurit |
- Caractère saisonnier du prurit |
2) Origine virale
|
||
Calicivirose | - Lésions ulcératives de la cavité buccale - Animal ayant un accès permanent à l’extérieur |
- Aucun autre symptôme évocateur (hyperthermie, jetage nasal) |
Herpèsvirose | - Lésions ulcératives de la cavité buccale, animal ayant un accès permanent à l’extérieur |
- Aucun autre symptôme évocateur (hyperthermie, atteinte oculaire) |
Examens complémentaires
......Un calque est réalisé sur les lèvres supérieures afin de détecter la présence de cellules spécifiques et de complications éventuelles. Il met en évidence la présence de granulocytes éosinophiles et neutrophiles, et de bactéries.
Conclusion : complexe granulomateux éosinophilique, dont l’origine est indéterminée (DHPP, allergie alimentaire, dermatite atopique, allergie de contact). |
Traitement
......Dans un premier temps, il est décidé d’explorer l’hypothèse d’une dermatite par hypersensibilité aux piqûres de puces. Pour cela, un traitement antipuces rigoureux est prescrit, associé à un traitement anti-prurigineux.
Principe actif | Nom déposé |
Posologie |
Indications |
---|---|---|---|
Prednisolone |
Megasolone ®
|
0,5 mg/kg q12h pendant 5 jours puis 0,5 mg/kg q24h |
Traitement du prurit |
Fipronil |
Frontline ® |
1 pipette tous les 15 jours |
Traitement antipuces |
Flufénoxuron et Perméthrine |
Tiquanis ® habitat |
Pulvérisation dans la maison |
Traitement de l’environnement contre les puces |
Céfovécine |
Convenia ® |
8 mg/kg, injection sous-cutanée |
Traitement de la surinfection bactérienne |
Suivi
......Une légère amélioration est notée : les granulomes situés au niveau du palais mou régressent, mais il n’y a eu aucune évolution des ulcères labiaux. Le traitement précédent est maintenu. Afin d’explorer une allergie alimentaire, on prescrit un régime d’éviction ménager à base de poisson blanc, de pommes de terre et d’huile de colza pour une durée de deux mois. Les sorties sont interdites pendant cette période afin de s’assurer que l’animal ne consomme aucun autre aliment à l’extérieur.
......L’évolution est favorable : les lésions buccales et labiales ont cicatrisé, ce qui plaide en faveur d’une allergie alimentaire.
......Conclusion : ce chat présente vraisemblablement deux allergies concomitantes : une allergie alimentaire et une dermatite par hypersensibilité aux piqûres de puces.
Démarche diagnostique lors d’identification d’un complexe granulomateux éosinophilique félin
......Le complexe granulomateux éosinophilique est une pathologie fréquente en dermatologie féline mais il n’est pas toujours facile d’en déterminer la cause (dermatite par hypersensibilité aux piqûres de puces, allergie alimentaire, dermatite atopique ou allergie de contact).
......Une des premières mesures facile à mettre en place est le contrôle de l’infestation par les puces. Chez ce chat, après deux semaines de traitement, seules les lésions buccales ont régressé, ce qui montre que l’hypersensibilité aux piqûres de puces était vraisemblablement une composante de l’allergie mais pas la seule en cause. L'amélioration peut être due également au contrôle des complications bactériennes par les antibiotiques.
......Ensuite, la mise en place d’un régime d’éviction a permis d’explorer l’hypothèse de l’allergie alimentaire. Il a été poursuivi deux mois, au cours desquels les lésions ont totalement régressé. Cependant, l’absence de suivi nous empêche de porter un diagnostic de certitude car il aurait fallu arrêter le régime d’éviction et réintroduire le régime habituel : en cas de réapparition des lésions, on aurait pu conclure à une allergie alimentaire. Un autre moyen d’explorer cette hypothèse consiste à réaliser un hémogramme. Cet examen peut parfois être intéressant à effectuer car une éosinophilie très élevée, en l’absence de cause parasitaire, est suggestive d’une cause alimentaire. Dans ce cas, cet examen aurait pu orienter notre diagnostic avant d’envisager la mise en place d’une épreuve thérapeutique.
Juin 2009,
Cas vu en consultation de parasitologie-dermatologie à l'ENVA, rédigé par Léna Olen et Mylène Vigreux dans le cadre de la thèse dirigée par Dr G. Marignac et codirigée par Dr F. Bernex.
Examen clinique
......L’animal est en bon état général. Les paramètres vitaux sont dans les normes. A l’examen dermatologique, on observe des lésions localisées à la cavité buccale et aux lèvres supérieures. Au niveau du palais mou, on note la présence de lésions bien délimitées, surélevées, érythémateuses, ulcérées, bilatérales et symétriques. Sur les lèvres supérieures, les lésions sont également symétriques et caractérisées par un érythème, une ulcération et des croûtes.
|
|
......Bilan : chatte de cinq ans présentant deux granulomes éosinophiliques buccaux et un ulcère atone labial depuis 10 jours, ainsi qu’un prurit facial saisonnier depuis longtemps.